Covid-19 au Japon: une campagne de vaccination laborieuse
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Au Japon, la campagne de vaccination a commencé avec beaucoup de retard par rapport aux autres grands pays industrialisés et elle n'en est qu'à ses débuts. Pour accélérer le tempo, le gouvernement a décidé de faire appel à l'armée et mobilise des centaines de médecins et d’infirmiers militaires. Mais une certaine confusion règne souvent dans et aux abords des vaccinodromes gérés par le ministère de la Défense, ce qui déroute, voire agace, beaucoup de personnes âgées.

De notre correspondant à Tokyo
Ce matin, plusieurs centaines de personnes âgées patientent, certaines depuis l’aube, devant le vaccinodrome que l’armée a ouvert dans le quartier d’affaires d’Ôtemachi.
Car la journée de vaccination a mal commencé, comme le répète en boucle ce préposé : « Mesdames, messieurs, votre attention s’il vous plaît : un problème informatique retarde l’accueil du public. »
Le site internet dédié à la prise de rendez-vous est temporairement inaccessible. Le personnel d’accueil ne peut donc pas vérifier que les personnes qui se présentent ont bel et bien réservé. Le problème ne sera résolu qu’au bout de plusieurs dizaines de minutes.
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« Cette campagne de vaccination, c’est du grand n’importe quoi... »
Un peu plus tard, ces retraités qui viennent de recevoir leur première dose de vaccin sont soulagés, mais un peu irrités. « J’ai 82 ans et je suis diabétique. Dans n’importe quel autre pays, j’aurais été vacciné depuis des mois. Ce retard a mis ma santé en danger », estime un Japonais. Une Japonaise, elle, ajoute : « Heureusement que ma petite-fille m’accompagnait pour me soutenir, car on a bien marché une demi-heure avant de trouver ce vaccinodrome. La station de métro la plus proche compte 39 sorties différentes et rien n’était indiqué ».
Un autre Japonais ne mâche pas ses mots et pointe du doigt la mauvaise organisation : « J’ai poireauté deux heures avant d’être vacciné. Et j’ai dû attendre debout : il n’y avait pas assez de chaises pour tout le monde. Franchement... » Certains sont même assez fâchés, comme cet octogénaire : « J’étais venu pour prendre rendez-vous... et ils ont refusé. On ne peut réserver que par téléphone ou par internet. Mais ça ne marche pas, leur système ! Le téléphone sonne toujours occupé et, sur l’écran de l’ordinateur, s’affiche le message : “Erreur 404 : site web indisponible”. Cette campagne de vaccination, c’est du grand n’importe quoi... »
Un système jugé complexe
Autre problème : la complexité du système. On compte 33 000 centres de vaccination au Japon, qui sont gérés soit par l’État, soit par des préfectures, soit par des mairies. Beaucoup de seniors s’y perdent ou alors certains sont si impatients d’être vaccinés qu’ils sollicitent plusieurs rendez-vous pour être sûrs d’en obtenir un.
Puis, quand ils sont parvenus à réserver, ils n’arrivent pas à annuler leurs autres demandes de rendez-vous tellement les sites internet ou les standards téléphoniques ad hoc sont saturés. Résultat : des milliers de doses de vaccin ont déjà fini à la poubelle au Japon après avoir été décongelées en vue de personnes qui avaient réservé ce jour-là, mais qui ne se sont pas présentées.
La campagne de vaccination est si laborieuse que le Premier ministre, Yoshihide Suga, en est réduit à tenir des points de presse penauds à 23 heures passées où il promet que les choses vont bientôt s’arranger. En attendant, sept sondés sur dix se déclarent mécontents de la manière dont la vaccination se déroule et la cote de confiance du gouvernement a dégringolé à un niveau plancher, historiquement bas...
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