En Thaïlande, les morgues sont submergées par les victimes du Covid-19
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Face à la déferlante Delta, les hôpitaux, les services funéraires et les morgues du pays sont débordés. Comme dans presque toute la région du Sud-Est asiatique, les vaccins sont arrivés trop tard pour contrer la troisième vague. Le mécontentement croissant de la population ravive la contestation anti-gouvernementale et le mouvement pro-démocratie.

Pas assez de lits, pas assez de respirateurs et maintenant pas assez de place dans les morgues du pays. L’hôpital universitaire de Thammasat a dû louer des conteneurs frigorifiques pour abriter les corps des défunts, car avec la hausse de la mortalité due au virus du Covid-19, les demandes d’autopsie ont augmenté, parfois parce que la cause de la mort est inconnue, parfois parce que les familles veulent s’assurer que leurs proches sont bien morts du virus et pas d’une négligence médicale dans un contexte de surmenage du personnel soignant.
En réalité, selon le directeur Paruhat Ton-Udon, c‘est plutôt l’inverse. Les autopsies révèlent un surcroît de décès liés au virus. « Les décès ont beaucoup augmenté, y compris les décès dont on ne connaît pas la cause. En moyenne, sur les autopsies qu’on réalise ici, on découvre 20% en plus de décès liés au Covid-19, sur des patients dont on ne savait pas qu’ils avaient été infectés. Nous sommes obligés de louer des conteneurs pour faire ces tests, car à l’hôpital, nous disposons d’une dizaine de réfrigérateurs, mais ce n’est plus assez. »
Un système de santé fragile
L’épidémie a révélé la fragilité du système de santé thaïlandais, pourtant considéré comme l’un des meilleurs de la région. Mais surtout, les Thaïlandais ont du mal à comprendre le fiasco de la campagne de vaccination, arrivée trop tard pour endiguer la déferlante du variant Delta. Une entreprise appartenant à la famille royale devait fabriquer localement des vaccins mais n’est finalement pas parvenue à les fournir à temps.
De quoi raviver la colère du mouvement pro-démocratie, qui demande depuis plus d’un an le départ du Premier ministre et une réforme de l’institution monarchique. Depuis quelques semaines les manifestations anti-gouvernementales qui s’étaient arrêtées à cause des restrictions anti-Covid ont repris dans la capitale, déclenchant de violents affrontements avec la police.
Présent sur les lieux, Voranai Vanijaka, un éditorialiste proche du mouvement, appelle les Thaïlandais à faire le lien entre déclin des libertés sous le gouvernement militaire et gestion désastreuse de la politique vaccinale. « Aujourd’hui, nous sommes désespérés. Ça avait commencé avant le Covid et le fait qu’on n’ait pas accès aux vaccins. Ça avait commencé avec la prise de pouvoir des militaires, les lois injustes qu’ils ont réécrites. Et même si nos problèmes n’ont pas commencé avec le Premier ministre, depuis qu’il est au pouvoir, tout a empiré. Si aujourd’hui, vous ne vous sentez pas au moins un peu désespéré, c’est que vous n’avez jamais eu aucun espoir pour l’avenir de ce pays. »
Le programme vaccinal, après des débuts chaotiques a néanmoins connu une accélération ces dernières semaines. Le gouvernement espère une amélioration de la situation épidémique dès la fin septembre.
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