Chine: les migrants privés de leur famille pour le Nouvel An lunaire
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Le début de la plus grande migration de la planète commence ce week-end en Chine. Ce sont les premiers départs des vacances de la « fête du Printemps ». Les familles célèbrent traditionnellement l’entrée dans le Nouvel An lunaire. Sauf que les retrouvailles sont compromises, cette année encore, en raison des restrictions sanitaires. Les premiers à en pâtir étant les travailleurs migrants.

De notre correspondant à Pékin,
Les yeux qui brillent au-dessus du masque plein de poussière, monsieur Zhang n’est pas du genre à se plaindre, mais cette année, c’est vrai, il aurait bien aimé rentrer chez lui pour les congés de Chunjié. Deux ans que ce travailleur migrant employé dans la rénovation d’habitations à Pékin n’a pas pu fêter le changement de Lune dans sa famille du Sichuan, à l’ouest du pays.
« Il n’y a pas de virus dans ma ville natale. Mais bon, c’est compliqué de rentrer en ce moment. Nous devons nous mettre en quarantaine et il y a des contrôles tous les jours. C’est à cause des cas à Pékin. Et puis, de toute façon quand vous revenez ici pour travailler, il y a aussi une longue quarantaine, donc, franchement, mieux vaut ne pas bouger », prévient monsieur Zhang.
La Chine à nouveau confrontée aux restrictions de déplacements
« Ne pas bouger »… Pour bon nombre des 370 millions de travailleurs migrants chinois, cette pause tant attendue du Nouvel An lunaire, est souvent la seule chance de retrouver sa famille dans un pays continent de nouveau confronté aux restrictions de déplacements, décidées par les autorités sanitaires.
Agent de nettoyage, madame San a, elle aussi, fait une croix sur ses congés. « Ma fille cadette est bloquée à Tianjin, donc même si je rentrais à la maison, on ne serait pas tous ensemble. Et puis, de toute façon, mon frère m’a dit qu’il ne voulait pas de nous. Il pense que ceux qui viennent de Pékin doivent être mis en quarantaine », dit-elle.
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« Restez où vous êtes pour la fête du Printemps »
Xi’an, Tianjin, des mégalopoles sont de nouveau sous cloche cet hiver avec l’arrivée d’Omicron. Si la Commission centrale de la réforme et du développement a demandé la semaine dernière de faire preuve de modération dans l’emploi de la stratégie « zéro Covid », dans les faits les cadres locaux verrouillent de peur de se faire sanctionner en cas de contamination.
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Grand coup de pelle pour déneiger les allées d’une résidence du nord de Pékin, l’une des balayeuses voulait retourner près de Guilin dans le Sud, où nous avons appelé le comité sanitaire local. « Pour le moment les habitants de Pékin n’ont pas besoin de se mettre en quarantaine, mais attendez, je vérifie… En fait si, finalement vous devrez rester à la maison 14 jours en arrivant. Le mot d’ordre, c’est : “restez où vous êtes pour la fête du Printemps !” », indique-t-elle.
Se faire une raison
« Restez où vous êtes »... Monsieur Zhang qui a déjà passé 4 ans loin des siens en Corée du Sud avant le Covid nous dit s’être fait une raison, en nous montrant une saucisse sur l’écran de son smartphone. Où va-t-il passer le Nouvel An lunaire ?
« Je vais le passer ici avec des collègues, mais j’ai une bonne nouvelle », dit-il en souriant. Il nous montre son écran de téléphone portable. « Je vais recevoir de la nourriture, des saucisses séchées cet après-midi. C’est difficile de ne pas voir mon petit fils, mon fils et ma belle fille cette année encore. Mais j’ai ces saucisses fumées et de la charcuterie que mon épouse a préparées », se console-t-il.
Des bonnes choses pour oublier la distance. Cette année, 1,18 milliard de voyages devraient être effectués pendant les vacances de Chunjié en Chine. C’est 36 % de plus que l’an passé, mais à peine la moitié des déplacements enregistrés avant la pandémie.
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