Reportage international

Dans l'est de l'Ukraine avec la jeunesse oubliée de Donetsk

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Le Parlement russe a voté ce mardi pour exhorter le président Vladimir Poutine à reconnaître l'indépendance des deux régions séparatistes à l’est de l'Ukraine. Une telle décision serait une violation des accords de Minsk et la fin du processus de paix dans la région. En tout cas, dans la république autoproclamée de Donetsk, après huit ans de conflit, la population est souvent épuisée et la jeunesse a parfois bien du mal à se projeter.

Le Don Mak, un fast food de la République populaire de Donetsk.
Le Don Mak, un fast food de la République populaire de Donetsk. © RFI
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Donetsk, un samedi soir. Il n'est pas encore 22h mais presque tout est fermé. Dans les rues noires et pluvieuses, on entend l'écho de ses propres pas. Le plus souvent, si l'on croise une voiture, c'est celle de la police. Demander l'adresse d'un bar ou d'une discothèque, c’est s'entendre dire : « Je n'en connais pas ». Cela fait pourtant plusieurs mois que le couvre-feu est levé, même si c'est seulement le week-end.

Mais les habitudes de huit ans de conflit sont toujours là. « En fait quand tu vis ici, témoigne Victoria, la plupart du temps, tu ne penses tout simplement pas à comment ça se passe ailleurs. Quand on y pense, ça nous fait du mal, c'est triste. Mais on sait bien que nous, on ne peut rien y faire. »

Victoria a 20 ans, elle est assise avec ses amis de l'université de langues étrangères Alexandre et Dacha, 19 et 18 ans. Tous les trois sont serrés sur la banquette d'un des rares cafés du centre de Donetsk. Peu de sorties, ils ont l'habitude d'être tôt chez eux, presque pas de voyage... Leur adolescence et leur jeune vie d'adulte, ils la vivent sous cloche avec, ces dernières semaines, la lourde menace d’un conflit.

« On a déjà traversé ça, en même temps, j'ai peur que si ça recommence, ce ne soit encore plus grave, s'inquiète Dacha. J'espère vraiment que rien ne va arriver, mais si ça recommence, alors nous devrons sûrement quitter notre ville et c’est triste, je ne veux vraiment pas ça. J'espère vraiment que cette situation va se régler de manière pacifique. » « À chaque fois que j'entends parler de ça, que je vois les actualités, je frissonne d'angoisse, s'alarme Alexandre. Malgré la peur, quoi qu'il arrive, on doit continuer à travailler et à vivre. La peur ne doit pas nous paralyser. »

Alexandre, qui rêve d’être musicien, sait qu'il va bientôt être appelé sous les drapeaux pour son service militaire. Depuis l’été dernier, le gouvernement autoproclamé l'a mis en place : six mois pour chaque jeune homme. « Ça ne me dérange pas de le faire, mais je suis contre, par principe. Si j'avais le choix, je préférerais encore être médecin militaire plutôt que de tuer des gens. »

Comme beaucoup de jeunes de son âge à Donetsk, Alexandre a des amis qui ont déjà quitté la république autoproclamée. Ils sont partis vivre, étudier et se construire un avenir en Russie ou dans l'Union européenne.

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