En Pologne, des Ukrainiens se pressent à la frontière pour rentrer se battre en Ukraine
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L’exode des Ukrainiens fuyant l’invasion russe en Ukraine continue. Plus d’un demi-million de personnes ont rejoint la Pologne voisine. Mais si les arrivées sont très nombreuses côté polonais, plusieurs dizaines de milliers d’Ukrainiens ont, eux, fait le trajet inverse pour repartir dans leur pays aider ou se battre.

Au poste-frontière de Medyka, coté polonais, un bus avec à bord une quinzaine d’hommes vient d’arriver. Parmi les voyageurs, Dimitri Marchenko tire derrière lui sa valise. À 24 ans, cet Ukrainien qui travaille en Pologne a décidé de tout quitter pour rentrer dans son pays natal.
« D’un côté, c’était une décision difficile. J’ai une bonne partie de ma vie en Pologne déjà, j’ai tout ici, un appartement, un travail. En Ukraine, je n’ai plus rien, je ne sais même pas quand je vais pouvoir revenir en Pologne, explique Dimitri. En Ukraine, on a des brigades de défense territoriale et j’aimerais pouvoir m’enrôler dans l’unité de ma région. Ma mère m’a dit de ne pas rentrer et d’attendre, ajoute le jeune homme. Évidemment que toute mère n’a pas envie que son fils aille à la guerre. Mais pourquoi attendre ? Cela fait huit ans qu’il y a la guerre. Ce n’est pas que j’espère gagner, je suis sûr qu’on va gagner. L’avenir de l’Ukraine est du côté de l’Europe, pas de la Russie. Chaque Ukrainien sait que c’est notre territoire et que la vérité est de notre côté. »
Si la majorité des Ukrainiens sur le chemin du retour sont des hommes, on voit également quelques femmes qui ont pris la décision de repartir. Nous nous rendons dans un des centres d’accueil temporaire pour les réfugiés dans la ville de Przemysl, installé dans une école primaire. Dans le gymnase, Ivana Tatchiova fait ses adieux, en larmes, à sa fille de 14 ans, la serrant dans ses bras. Elle l’a emmenée en Pologne pour que sa fille soit en sécurité, mais elle s’apprête désormais à faire le trajet inverse, pour retourner en Ukraine.
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« Se battre pour notre terre »
« Je comprends que les familles avec des bébés d’un mois, deux mois, veulent fuir, mais si tout le monde part, s’il n’y a plus d’Ukrainiens, alors il n’y aura plus d’Ukraine, ce sera fini. Donc, si vous avez la possibilité, il faut revenir, estime Ivana. C’est notre devoir en tant qu’Ukrainiens de nous battre pour notre terre, pour notre pays natal. Si tout le monde fuit, alors il n’y a plus de raisons de combattre. »
« Moi, je ne veux pas être héroïque, je veux juste aider comme je peux », confie cette Ukrainienne qui réfléchit à s’engager comme infirmière ou bénévole à l’arrière, pour organiser l’aide.
L’Ukraine a également fait appel aux volontaires étrangers pour constituer une légion internationale de défense.
« Je viens de Suède et j’ai décidé de rejoindre la Légion étrangère pour prendre les armes contre Vladimir Poutine », témoigne un jeune Suédois de 25 ans rencontré dans un hôtel près de la gare de Przemysl. L’air un peu perdu, il tient à ses pieds un sac de randonnée, sur lequel on aperçoit un tapis de sol. Il est arrivé en Pologne en train depuis la Suède, après un détour par l’Allemagne.
« C’est évident pourquoi c’est important d’aller combattre. C’est important, parce qu’on ne peut pas laisser un dictateur, une personne terrible, prendre le contrôle d’un pays. Et le plus important, ce n’est pas : "Je vais réussir à changer les choses", mais plutôt, "si ce n’est pas moi qui y vais, alors qui peut y aller ?”, affirme le jeune homme. Personne n’a de meilleur profil que moi. »
Selon le président ukrainien, 16 000 étrangers se sont déjà portés volontaires pour combattre aux côtés de l’Ukraine.
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