Un pays suit avec une attention particulière le sort des Ukrainiens. C'est Taïwan, pays souverain et démocratique de 24 millions d’habitants revendiqué par la Chine. Depuis le début de l'invasion russe, les Taïwanais multiplient les initiatives de soutien envers l’Ukraine. Avec en toile de fond, la crainte de subir un jour le même sort.

De notre correspondant à Taipei,
Daria Zheng n’en revient pas de la solidarité des Taïwanais. Cette Ukrainienne de 30 ans habite Taïwan depuis 6 ans. Depuis le début de l’invasion russe, elle aide le gouvernement taïwanais à emballer tous les colis offerts par la population.
« On a déjà reçu un nombre impressionnant de paquets qui vont bientôt être envoyés à l’Ukraine. Je sens que les Taïwanais ont beaucoup de compassion, ils sont vraiment derrière nous ! C’est même arrivé que des commerçants refusent que je paye, au restaurant ou dans le taxi : à chaque fois ils disent que c’est pour soutenir l’Ukraine », s'exclame-t-elle.
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« J’espère que cette toute cette solidarité entre les pays démocratiques cela pourra aussi aider à protéger Taïwan »
Car Taïwan est aussi sous la menace de son puissant voisin, La Chine, qui revendique l’archipel. Pourtant 90 % des Taïwanais sont opposés à cette annexion et se sont donc naturellement identifiés avec les Ukrainiens. En quelques semaines, les Taïwanais ont déjà fait don de presque 30 millions d’euros à l’Ukraine – c’est quinze fois plus que la Chine.
Parmi ces donateurs, monsieur Lan, un militant indépendantiste. « Nous aussi les Taïwanais, on est menacé depuis longtemps par notre puissant voisin, la Chine », explique monsieur Lan. « Donc, forcément quand on voit un petit pays se faire envahir par une grande puissance, on se sent solidaire. J’espère que cette toute cette solidarité entre les pays démocratiques cela pourra aussi aider à protéger Taïwan. »
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Monsieur Lan, lui, a même choisi d’aller plus loin dans ce soutien en envoyant à l’Ukraine des drones. Comme beaucoup de Taïwanais, il a été très impressionné par la résistance des Ukrainiens. « Je pense que nous avons beaucoup à apprendre de la capacité de résistance des Ukrainiens. Que ce soit l’armée, ou bien de simples citoyens, tout le monde se mobilise pour défendre le pays. Je crois que nous aurons besoin de la même détermination pour protéger Taïwan », souligne-t-il.
Un réveil de l'esprit de défense des Taïwanais
L’exemple ukrainien a d’ailleurs renforcé l’esprit de défense des Taïwanais. Selon de récents sondages, 70 % d’entre eux seraient désormais prêts à se battre en cas d’invasion chinoise.
Une résistance à laquelle pourrait s’ajouter l’intervention militaire des États-Unis, comme l’explique Jean-Yves Heurtebise, professeur à l’université Fu Ren de Taipei : « Taïwan est la vingtième économie au monde. Elle produit 60 % des puces électroniques au monde. La prise de Taïwan aurait une influence dévastatrice sur toute la région Indo-Pacifique. Donc, si la Chine se décide un jour à attaquer Taïwan, il est évident qu’on serait directement dans un conflit entre États-Unis et Chine. »
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Selon les renseignements taïwanais, Pékin n’envisagerait pas d’opérations militaires avant au moins 2024. De quoi laisser le temps aux Taïwanais de tout faire pour dissuader la Chine.
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