Reportage international

La situation économique du pays pousse les Sri Lankais à émigrer

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Le Sri Lanka connait depuis le début de l’année la pire crise de son histoire moderne. Le gouvernement a demandé une aide d’urgence au Fonds monétaire international, dont une équipe doit se rendre sur place ces jours-ci. Mais en attendant, la vie des Sri-Lankais s’est transformée en une lutte quotidienne, et tous ceux qui peuvent partent travailler à l’étranger.

Des Sri-Lankais font la queue pour acheter du kérosène à Colombo. La roupie a perdu la moitié de sa valeur, ce qui a engendré une inflation galopante et des pénuries de la plupart des biens essentiels (image d'illustration).
Des Sri-Lankais font la queue pour acheter du kérosène à Colombo. La roupie a perdu la moitié de sa valeur, ce qui a engendré une inflation galopante et des pénuries de la plupart des biens essentiels (image d'illustration). AP - Eranga Jayawardena
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La nuit vient de tomber sur Colombo, et plusieurs centaines de véhicules attendent devant une station essence. Vajira Kumar patiente depuis 8 heures pour remplir le réservoir de son camion de livraison, et il est sur le point d’arriver à la pompe.  « Je passe toutes mes journées dans ces files d’attente. Quand j’arrive enfin à obtenir de l’essence, il fait nuit, et je pars livrer les journaux, jusqu’à 6 h du matin, se confie l'employé. Puis je reviens faire la queue. Avant, j’avais un autre travail pendant la journée, maintenant ce n'est plus possible. »

Depuis deux mois, chaque voiture n’a droit qu’à 20 litres d’essence, et le gouvernement va maintenant instaurer un quota hebdomadaire. Les coffres de l’État sont vides, entre autres à cause d’une mauvaise gestion financière et de la crise du Covid. Du coup, en mars, la roupie sri-lankaise a perdu la moitié de sa valeur, ce qui a fait exploser les prix des produits importés, comme le lait, le blé ou le pétrole. Et le gouvernement ne sait pas comment sortir le pays de la crise. Résultat, tous les Sri-Lankais qui le peuvent essaient de quitter l’île.

« De ma vie, je n’avais jamais imaginé que je partirais vivre à l’étranger. Mais à cause de la crise, je suis sur le point de perdre mon travail ici. Nous travaillons sur un projet de bâtiment public, mais l’État ne peut plus nous payer. Alors je n’ai pas le choix: je dois émigrer. » 

Fuite des cerveaux

Entre janvier et mai, plus de 100 000 Sri-Lankais sont partis travailler à l’étranger. Soit un rythme de départ deux fois plus rapide que l’année dernière. Ces expatriés sont plus qualifiés qu’avant, ce qui montre que la classe moyenne éduquée croit de moins en moins dans l’économie de leur pays. Le secteur des nouvelles technologies, qui était en pleine croissance, est gravement touché.

« Notre principal problème est la fuite des cerveaux, affirme Sujeev Rajakulendran qui est PDG de la société Esshva. Depuis deux mois, nous essayons de recruter 30 personnes. Nous n’en avons trouvé qu’une, et elle part déjà au Royaume-Uni à la fin de l’année. Donc si nous devons grandir, ajoute le PDG, nous allons devoir ouvrir des filiales en Inde, aux Philippines, au Vietnam ou en Indonésie, où nous pourrons trouver des employés. »

Dans la rue, les manifestants défilent régulièrement pour demander au président Gotabaya Rajapaksa de démissionner, afin de permettre un vrai changement de système et de rétablir la confiance des investisseurs. Mais le chef de l’État refuse toujours d’écourter son mandat.

► À lire aussi : Sri Lanka: en défaut de paiement, le pays face à une grave crise alimentaire

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