Avortement: les Mexicaines font profiter de leur expérience leurs voisines américaines
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Se faire avorter aux États-Unis est devenu difficile, voire interdit dans certains États depuis l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, le 24 juin dernier. Au Mexique voisin, où l'avortement a fini au contraire par être dépénalisé, l'interdiction d'avorter a obligé pendant des décennies les femmes à s'entraider pour s’informer et pouvoir avorter elles-mêmes.

De notre correspondante à Mexico,
« Ce qu’il faut dire, c’est que nous avons toujours travaillé dans la clandestinité… toujours. » Mariela Castro est la porte-parole de Marea Verde au Chihuahua, un collectif féministe qui participe à envoyer chaque jour des médicaments abortifs aux Américaines qui le demandent. « Une route s’est créée pour faire arriver les médicaments. Ça peut être de la contrebande pour certaines personnes, mais pour nous, c’est un droit », ajoute Marea Verde
Le médicament est le Misoprostol, normalement utilisé pour traiter les ulcères d’estomac. Chez les femmes enceintes, il provoque aussi l’interruption de la grossesse. « La seule chose qui va se passer, c’est que tu vas te sentir mal un moment. Ça dure seulement quelques heures, et cela une seule fois. Puis c’est terminé, assure Marea Verde. À aucun moment le Misoprostol ne compromet la vie ni la santé reproductive future. »
Avec un dosage particulier et selon un protocole précis, ce médicament est désormais recommandé par l’OMS pour interrompre une grossesse. « L’avortement par médicament a été une grande révolution. », affirme Veronica Cruz. Elle dirige depuis 20 ans le réseau Las Libres. Pour elle, l’entraide internationale et la diffusion des informations scientifiques sont les meilleures armes pour faire face aux restrictions des gouvernements.
Autodétermination
« L’avortement avec des médicaments à la maison sans supervision médicale, c’est avant tout l’autodétermination par les femmes de leur projet de vie. Aux États-Unis, il y a la croyance, que l’avortement se fait uniquement en clinique ou que l’avortement, seuls les médecins peuvent le faire, explique la responsable du réseau Las Libres. Donc quand on sait que les femmes peuvent prendre leur décision, que les femmes peuvent être en charge du contrôle de leur sexualité et de leur reproduction, de leur vie et de leur corps, ça, c’est la grande menace. Il faut comprendre que nous ne voulons pas que l’État régule notre corps et nos décisions, mais nous voulons que l’État garantisse les services et nos droits. »
Chaque jour, des centaines de femmes aux États-Unis et au Mexique sollicitent ces collectifs féministes pour avorter. Mariela Castro en est convaincue : pour faire progresser l’accès à l’avortement, il faut passer par l’autogestion. « Il y a de super leçons à tirer de l’expérience mexicaine. Nous sommes nombreuses, nous formons des réseaux qui sont solides, nous avons le savoir-faire, ainsi que l’inspiration et la forte conviction que bien que l’état dise non, je peux avorter à la maison. »
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