Reportage international

À Sau, au nord de Barcelone, le tourisme de sécheresse ne fait pas que des heureux

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Avec la sécheresse exceptionnelle de cet été, plusieurs monuments et vestiges autrefois submergés ont été découverts partout en Europe. En Espagne, c’est une église romane qui est désormais visible.

Des gens pagayent en canoë près de l'église romane du XIe siècle d’habitude engloutie à 23 mètres de profondeur à Vilanova de Sau, en Catalogne, en Espagne, le lundi 20 juin 2022.
Des gens pagayent en canoë près de l'église romane du XIe siècle d’habitude engloutie à 23 mètres de profondeur à Vilanova de Sau, en Catalogne, en Espagne, le lundi 20 juin 2022. © AP Photo/Emilio Morenatti
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En arrivant au réservoir de Sau, à 100 kilomètres au nord de Barcelone, le manque d’eau est évident : « L’eau arrivait jusqu’à la pointe du clocher en janvier. » L’église romane d’habitude engloutie à 23 mètres de profondeur est totalement visible désormais et attire les touristes en nombre. Ce qui n’est pas du goût de la mairie qui critique un « tourisme de sécheresse » qui n’apporte aucune richesse.  

« C’est du tourisme de selfie plutôt pour montrer “on est à Sau”, rapporte Mila Martinez, adjointe au maire. Mais ils ne vont pas louer de kayak et je ne pense pas qu’ils restent déjeuner. Au mieux, ils prendront un café au bar, mais c’est ça le problème. Alors comment profiter du tourisme de sécheresse ? Ça dépend du type de touristes. »

Mi-août, ce village de 300 habitants a même été complètement bloqué à cause des embouteillages provoqués par les curieux. Conséquence : le petit parking est désormais payant et mieux vaut réserver le week-end, ce qui dérange les habitués comme Jordi Santamaria venu avec sa femme et son fils : « Ce n’est pas juste l’église, il y a aussi des ruines. D’ailleurs, plus loin sous l’eau, il y a des maisons dont celle où mon grand-père est né. C’est pour ça que je viens, pour lui montrer. Mais le plus triste aujourd’hui, c’est que les gens viennent voir juste l’église. Ils ne viennent jamais, mais là, comme ils sont là, on doit désormais payer le parking que j’avais jamais payé avant ! Et cela provoque aussi plus de déchets, plus de voitures. »

Mais les nouveaux touristes, comme José María García, ne comprennent pas forcément la critique : « Nous, on vient de loin pour la voir parce que c’est curieux de voir l’église en entier et elle est jolie. C’est la première fois qu’on vient et c’est bien de la voir comme ça. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal tant qu’on se balade sans rien abîmer. »

Aujourd’hui, devenu l’un des symboles de la sécheresse historique de cet été, l’église de Sau a fait le tour du monde, mais lorsque l’adjointe au maire la regarde, elle y voit plutôt un cumul de mauvaises nouvelles. « Ce week-end, on devait faire la traditionnelle traversée de Sau à la nage, qui traverse le réservoir, fait le tour du clocher et revient, mais c’est annulé à cause du manque d’eau. C’est toute une série d’inconvénients quand il n’y a pas d’eau en plus de la tristesse de le voir vide. »

À l’automne, la mairie espère que le réservoir se remplira de nouveau et que les touristes de la sécheresse reviendront la saison prochaine, pour profiter, cette fois, des activités nautiques.

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