Reportage international

Liban: l'énergie solaire à la rescousse des établissements scolaires

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Au Liban, les pénuries d’électricité pèsent sur le quotidien des écoliers et des étudiants. À cause de la crise économique, le fournisseur national de courant, Électricité du Liban, n’est plus en mesure d’alimenter les foyers, les écoles et les infrastructures. Le seul recours : s’abonner à des groupes électrogènes fonctionnant au mazout. Pour rompre cette addiction aux énergies fossiles, les écoles libanaises se tournent de plus en plus vers le solaire. Reportage sur place de Sophie de Guignon.

Cette photo prise en août 2022 montre une vue aérienne du système de panneaux solaires installé dans un village au nord du Liban.(Image d'illustration)
Cette photo prise en août 2022 montre une vue aérienne du système de panneaux solaires installé dans un village au nord du Liban.(Image d'illustration) AFP - DYLAN COLLINS
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Pour sauver la rentrée, une centaine d’écoles libanaises ont fait le choix de l’énergie solaire, grâce au financement de 3,3 millions d’euros d’une ONG locale. Parmi les bénéficiaires, un établissement privé arménien de la banlieue Nord de Beyrouth. Sur le toit, une équipe d’ouvriers installe 70 panneaux solaires et cinq batteries. Cette initiative est une aubaine pour le père Leo Goriun Jenanian, responsable de l’institution :

« Tous les matins, avant d’utiliser une classe ou de faire une activité, on se demandait combien ça allait nous coûter en électricité. On envisageait même de faire cours à la lumière de la bougie à la rentrée. »

Un tiers du budget de l’école était dédié aux factures de groupes électrogènes l’an dernier. Désormais, les économies réalisées grâce aux panneaux photovoltaïques seront utilisées pour diminuer les frais d’inscription des élèves.  

Énergie solaire: un rêve qui coûte cher

Elia Yasmine dirige les travaux pour l’entreprise Ecosys, dont le carnet de commande ne désemplit pas : « La demande n’arrête pas d’augmenter. Je n’aurais jamais imaginé que ça atteigne ce niveau-là. Avant, l’énergie solaire, c’était vu comme un extra, un geste écologique, pour les gens écolos, explique la dirigeante. Aujourd'hui, malheureusement, c’est le rêve, l’objectif de n’importe qui d’avoir des panneaux photovoltaïques. »  

Un rêve très cher. L’investissement coûte environ 8 000 euros par foyer. Une somme que seule une poignée de Libanais peuvent débourser en pleine crise économique. À la sortie de l’école, de plus en plus d’élèves étudient donc dans le noir. Car l’État ne fournit presque plus d’électricité et leurs parents n’ont pas les moyens de payer un générateur.

Dans le quartier de Mar Michael à Beyrouth, la famille Kokejian attend la visite de Marina al Khawand, 21 ans. Elle dirige Medonations, une ONG spécialisée dans les dons de médicaments. Dans sa besace, la jeune femme apporte aussi des sac-à-dos munis de panneaux solaires pour Souren, 13 ans, et Katia, 10 ans. « Tu sais ce qu’on peut faire avec de l’énergie solaire et comment ça marche ? » demande-t-elle.

« Grâce au soleil, répond Souren. Ça va être très utile quand je rentre de l’école. On n'a jamais d’électricité. Je pourrai charger mon téléphone pour faire mes recherches et mes devoirs. » 

« On ne peut plus rêver aujourd’hui au Liban. Les étudiants vivent une des périodes les plus difficiles, regrette Marina al Khawand, ils n’ont même pas l’électricité pour allumer une lampe à la maison. » 

Faute de réformes politiques, les énergies renouvelables sont une lueur d’espoir dans un pays plongé dans le noir depuis plus d’un an.

► À lire aussi : Le Liban au bord d’une grave crise constitutionnelle

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