Reportage international

En Égypte, une imprimerie à hiéroglyphes reprend vie au Caire

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Il y a 200 ans tout juste, Jean-François Champollion décryptait enfin les hiéroglyphes. À l’Institut français d’archéologie orientale du Caire, berceau de l’égyptologie moderne, les vieilles presses utilisées au siècle dernier revivent dans une démarche autant pédagogique que culturelle.

L'atelier d'imprimerie de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire où les presses mécaniques fonctionnent toujours, le 13 octobre 2022.
L'atelier d'imprimerie de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire où les presses mécaniques fonctionnent toujours, le 13 octobre 2022. © Edouard Dropsy / RFI
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De notre correspondant au Caire,

Ces bruits datent de l’âge d’or de l’imprimerie mécanique. Ici, les plombs sont fondus puis alignés à l’envers pour créer le texte. Et enfin passent sous la presse.

Vous avez pris un caractère ? « Ah non… C’est une croix de vie ». Une croix de vie, un oiseau, un roseau. À l’Institut français d’archéologie orientale du Caire (IFAO), on imprime des hiéroglyphes. Mathieu Gousse est le directeur du pôle éditorial : « C’est un atelier historique. L’atelier a été monté en 1907 et il comporte un ensemble de presses typographiques, de machines qui ont été en état de fonctionnement entre 1907 et 1992/95, explique Mathieu Gousse directeur du pôle éditorial. Ces machines ne fonctionnaient plus depuis 30 ans, on a décidé de les remettre en marche au moment de l’épidémie de coronavirus. »

Sans manuels, ni aucune explications sur leur fonctionnement, c’est grâce au génie mécanique d’Hani Mawad, un ouvrier du livre, que ces machines ont pu reprendre vie après avoir été démontées pièce par pièce. « J’avais des connaissances assez précises sur la manière de démonter des radios et des montres. C’est mon métier et je l’aime. Donc j’ai appris comment démonter la machine. C’était nouveau et j’aime ça ! »

Ouvrir ce lieu au public tous les jeudis, c’est permettre de revisiter le passé autant récent que millénaire. Cette bibliothécaire d’un lycée français ne se lasse pas de ces visites. « Chaque semaine, je prends une classe à partir du CM1 jusqu’en 4e. Ils sont très fiers de leur passé, tout ce qui est pharaonique, qui est la première écriture en Égypte, et ça ils en sont très fiers. »

Fascination éternelle

Ces presses et autres machines ont également vocation à soutenir des artistes. Heba Helmi était en résidence et expose ses œuvres à l’intérieur même de l’IFAO. « C'est un tableau à base de tissus imprimés avec des hiéroglyphes et de la calligraphie arabe et avec des tissus qui rappellent les textiles coptes. Alors mon souci, c'était de faire quelque chose qui mélange toutes les couches qui mélangent toutes les couches de la civilisation égyptienne qui ont existé et qui existent encore. »

200 ans après le déchiffrement des hiéroglyphes, ceux-ci continuent de fasciner à travers les ages et les arts.

► À écouter aussi: À l'Institut du monde arabe, plongée en réalité virtuelle dans les entrailles de la pyramide de Khéops

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