Taïwan inquiet, mais déterminé face aux menaces de Xi Jinping
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Le dirigeant chinois Xi Jinping l'a à nouveau martelé dimanche dernier lors du Congrès national du PCC : l'option militaire reste sur la table pour s'emparer de Taïwan. Si les 24 millions de Taïwanais prennent au sérieux ces menaces d'invasion répétées par Pékin, ils comptent sur leurs capacités de défense et le soutien international pour dissuader la Chine de passer à l'acte.

De notre correspondant à Taipei,
Des avions militaires et des hélicoptères dans le ciel de Taipei. Ce lundi 10 octobre, Taïwan célèbre sa fête nationale, avec un slogan : « Ensemble, défendons notre pays », écrit en grands caractères autour du palais présidentiel.
« Ces dernières années, nous avons accéléré la réforme de notre armée et augmenté notre budget militaire pour renforcer notre défense », a déclaré la présidente taïwanaise, Tsai Ing Wen. « Il y a un consensus parmi les Taïwanais pour défendre notre souveraineté, notre liberté et notre démocratie. Sur ce point, il n’y aura aucun compromis possible. »
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Plus de 95% des Taïwanais sont en effet opposés à une annexion chinoise. Mais les menaces de Pékin inquiètent malgré tout Mme Zhang, infirmière de 32 ans, venue assister à la cérémonie. « En apparence, bien sûr, nous devons montrer notre unité. Mais si un jour il y a vraiment un conflit, est-ce que nous resterons si unis ? Ma génération n’a pas connu la guerre et ces questions militaires sont lointaines pour nous... Je n’en suis pas si sûre », pense Mme Zhang.
« Il faut que nous soyons bien préparés »
Convaincre les Taïwanais de leur capacité de défense, c’est l’objectif principal du gouvernement, mais aussi de la société civile. A-Zhan est membre du collectif Watchout et l’auteur d’un manuel de survie en cas d’invasion chinoise. « Avec l’exemple ukrainien, il y a de plus en plus de Taïwanais qui pensent qu’en cas de guerre, nous n’allons pas forcément perdre. Mais pour cela, il faut que nous soyons bien préparés », dit-il.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les ateliers de défense civile se sont multipliés partout sur l’île. Formations au tir, aux premiers secours ou encore cours théoriques comme ceux proposés par le collectif d’A-Zhan.
« L’histoire montre que pour réussir un débarquement militaire, il faut environ trois à cinq fois plus de forces en attaque qu’en défense », explique A-Zhan. « À Taïwan, nous avons 200 000 soldats, cela veut dire que la Chine devrait faire débarquer en même temps de 600 000 à un million d’hommes à Taïwan ! C’est très difficile ! C’est pour cela que la préparation de l’armée, mais aussi des citoyens, est primordiale. Cela va diminuer le risque que la Chine ne choisisse l’option militaire. »
La Chine prête en cas d’intervention américaine ?
D’autant que les Taïwanais ne sont a priori pas seuls. Les États-Unis, principal fournisseur d’armes de Taïwan, pourraient aussi intervenir en cas de conflit.
« Si la Chine attaque Taïwan, c’est dans l’idée où elle est prête à une guerre totale entre les États-Unis et le Japon », analyse Jean-Yves Heurtebise, professeur à l’université Fu Ren de Taipei. « Or, il est assez peu probable que la Chine ose s’engager là-dedans. Sauf si elle se trouve dans une crise de politique interne. Mais on n’en est pas encore là. »
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Et Taïwan compte bien jouer le temps en sa faveur. Dès la fin de l’année, le service militaire pourrait déjà passer de quatre à douze mois.
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