Portraits de l’Amérique qui vote: la question de l'avortement dans la campagne des «midterms» [5/7]
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Parmi les thèmes qui ont fait la campagne des «midterms» qui s’achève, il y a le droit à l'avortement. L'annulation de la protection constitutionnelle de ce droit par la Cour suprême a beaucoup choqué et aussi beaucoup mobilisé.

De notre correspondant à Washington,
Nous sommes début octobre à Washington, dans le quartier de Capitol Hill, près de la Cour suprême. Comme plusieurs centaines d’autres femmes, Kleo Vanway, une étudiante en sociologie de 21 ans, est venue dire sa colère contre la décision de la Cour d’annuler au mois de juin son arrêt Roe v Wade, qui avait fait de l'avortement un droit pour toutes les Américaines depuis 50 ans.
Mais elle ne veut pas en rester là. À l’approche des élections, c’est pour elle un enjeu politique central. « Il est très important que nous gardions la Chambre et le Sénat, parce que si nous voulons faire entrer Roe v Wade dans la loi, nous avons besoin des démocrates au Sénat et à la Chambre pour le faire », dit-elle.
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Convaincre d'aller voter
C’est en effet la promesse de Joe Biden. Et les démocrates ont été encouragés dans le courant de l'été par le rejet d’une proposition de modification de la Constitution de l'État conservateur du Kansas pour pouvoir interdire l'avortement. Les anti-avortement ont alors subi une défaite cinglante, dont Kleo Vanway s’est régalée.
« Nous l’avons vu au Kansas avec l'amendement numéro deux », analyse Kleo Vanway. « Les femmes se sont inscrites sur les listes électorales dans des proportions énormes et elles sont allées voter pour s’assurer que l'avortement serait protégé au Kansas. Je crois qu’on va voir la même chose en novembre. »
Pour cela, il faut convaincre les gens d’aller voter. C’est ce que s’efforce de faire Kleo Vanway.
Toutes mes amies et moi sommes très actives en politique et dans le mouvement pour la justice reproductive. C’est quelque chose dont nous parlons pratiquement tous les jours, l‘accès à l‘avortement, et comment nous pouvons nous battre pour faire en sorte qu’il soit sûr. J’encourage toujours mes amies à voter. C’est important d’avoir ces conversations. Et si quelqu’un demande « comment je vote ? Comment je fais ? », ça ne prend que 5 minutes de s’asseoir avec la personne, pour l‘aider à s’inscrire, à demander son bulletin de vote par correspondance ou à trouver son bureau de vote.
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La crainte d'une interdiction globale de l'IVG
Il n’est pas évident que cette colère se transforme automatiquement en vote, mais Kleo Vanway dit qu’à son niveau, elle perçoit un vrai mouvement.
« Les gens sont plus en colère parce que c’est arrivé très vite et ça les a tout de suite poussés à agir. J’ai davantage d’amis qui sont vraiment enclins à voter parce que le droit à l'avortement est attaqué », explique Kleo Vanway. « En 2018, les gens n’étaient pas allés voter tant que ça aux élections de mi-mandat, mais cette année, il y a davantage de gens qui viennent me voir pour me dire “nous devons protéger le droit à l'avortement, je vais aller voter”. »
Les toutes dernières études d’opinion suggèrent qu’après l'été, le sujet de l'avortement a un peu cédé la place aux préoccupations économiques. Et la crainte d’une majorité républicaine qui interdirait l'interruption volontaire de grossesse dans tout le pays incite Kleo Vanway à militer encore davantage.
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