En début de semaine, le président serbe a expliqué à son peuple la nécessité d’accepter le plan européen de normalisation des relations avec le Kosovo. Un discours qui passe mal au sein de la minorité serbe du Kosovo, où beaucoup se sentent abandonnés à eux-mêmes.

De nos envoyés spéciaux à Mitrovica,
À Mitrovica, les eaux de la rivière Ibar gonflées par les pluies incessantes de ces derniers jours ont fini par inonder Bosnjacka Mahala, le seul quartier encore mixte de la ville. Près d’un quart de siècle après la fin de la guerre, Mitrovica reste le symbole des divisions entre Serbes et Albanais. Alors que des discussions se poursuivent à portes fermées entre Belgrade, Pristina et les émissaires occidentaux, les craintes se réveillent.
Ana, la trentaine, vit dans la partie serbe, au nord de Mitrovica. Cette enseignante d’arts plastiques déplore les divisions intercommunautaires. « Le grand défi, c’est de faire en sorte que les enfants de chaque communauté ne regardent plus les autres comme des ennemis, mais qu’ils voient ce qu’ils ont en commun. C’est de plus en plus compliqué. Parce que les enfants entendent ce que racontent les adultes et les médias. »
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Il y a deux ans, beaucoup de Serbes du Kosovo avaient espéré que l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Albin Kurti permettrait de relancer le dialogue entre les deux communautés. Aujourd’hui, le constat est amer : la minorité se sent plus méprisée que jamais par les autorités de Pristina, et craint d’être lâchée par Belgrade au nom d’un compromis.
Il y a quelques semaines, Marko Jakšić était sur les barricades érigées dans le nord du Kosovo. Ce magistrat a également démissionné du tribunal le 5 novembre dernier, au moment où tous les Serbes quittaient les institutions du Kosovo. « Ce nouvel accord dont on parle devrait régler de grandes choses entre Belgrade et Pristina, mais les problèmes resteront les mêmes sur le terrain, assure-t-il. Le peuple serbe au Kosovo est le plus discriminé en Europe, cet accord ne changera rien pour eux. Si un tel accord intervient sans que la question des droits des Serbes au Kosovo ne soit réglée, leur départ sera inévitable. »
En effet, pour les Serbes du Kosovo, le plus taraudant est aujourd’hui de ne pas savoir de quoi sera fait leur avenir. Loin de rassurer, le discours très théâtral du président Aleksandar Vucic en début de semaine, a surtout encore un peu plus renforcé leurs peurs, après des mois de tensions.
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