La Suède fait le pari du recyclage des batteries électriques
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Si la fabrication à grande échelle des batteries reste un défi pour le vieux continent, très dépendant de la Chine et de ses terres rares, l'entreprise Northvolt en Suède s’est lancée un autre défi. Elle a trouvé le moyen de recycler les batteries en fin de vie pour en fabriquer de nouvelles et s'apprête à ouvrir le plus grand site de recyclage de batteries d'Europe

De notre correspondante à Stockholm,
Sur le parking enneigé du laboratoire de l'entreprise Northvolt, des dizaines de voitures électriques attendent leur propriétaire. À l’intérieur, un millier d’ingénieurs et de chimistes travaillent dans cette usine miniature, où a été développée la première batterie lithium-ion, issue à 95% d’une batterie usagée.
« Notre usine géante est à Skellefteå, donc l’usine de recyclage actuellement en construction sera juste à côté. Ici, c’est l’usine pilote, on voit tout le processus, mais à petite échelle », précise Nathalie Bruno, chargée de communication. « Je ne sais pas si vous avez déjà vu des batteries de voitures électriques. C’est un gros paquet souvent situé dans le plancher, et à l’intérieur, il y a les cellules de batteries, ça ressemble soit à des cassettes VHF, soit à des cylindres ».
Les batteries sont d’abord broyées et triées par un procédé mécanique, jusqu’à obtenir une poudre noire. « Donc, là, ce sont les gros fragments : un mélange d’aluminium, d’acier, de cuivre et la "black mass", cette poudre noire qui est pour nous de l’or. C’est un mélange de manganèse, de nickel, de cobalt, de graphites et de lithium, détaille la chargée de communication. On va purifier tout ça par hydrométallurgie, c’est un procédé chimique, et à partir de cette poudre noire, on obtient ces cristaux verts ; ils vont servir directement comme matériau actif dans la production de nouvelles batteries. Au lieu d’extraire ces terres rares dans des mines, on les récupère des batteries existantes. »
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« Avoir le courage de se lancer »
D’ici 2030, 11 millions de tonnes de batteries de voitures arriveront en fin de vie dans le monde. Un défi industriel colossal, qui, pour Emma Nehrenheim, directrice environnementale à Northvolt, représente un immense potentiel : « Une batterie ancienne contient exactement la même quantité de métaux qu’une nouvelle ! Vu que ce sont des éléments qui reprennent leur forme originale à chaque fois qu’ils sont recyclés, on peut le faire à l’infini. Si on arrive à récupérer autant de vieilles batteries qu’on en vend, à terme, on n’aura besoin que de très peu de matériaux vierges. Un des défis, c’est de prendre le pari du recyclage, car c’est un énorme investissement. L’autre, c’est d’être capable d’engloutir de gros volumes quand le marché sera mûr, dans 10 ou 18 ans. Il faudra qu’on soit prêts, donc il faut avoir le courage de se lancer aujourd’hui ».
L’entreprise suédoise compte répondre à 15% de la demande automobile européenne, en produisant un million de batteries par an, à 50% recyclée, d’ici 2030.
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