En Inde, l’atout démographique pourrait se transformer en fardeau
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L’Inde vient de devenir le pays le plus peuplé du monde, avec plus d’1,4 milliard d’habitants, passant ainsi devant la Chine. La population indienne est particulièrement jeune, et près de 10 millions de diplômés arrivent chaque année sur le marché du travail. Elle peut être une force pour développer le pays, mais peut aussi être un fardeau si les autorités ne leur trouvent pas de travail convenable.

De notre correspondant à New Delhi,
C’est une grande salle de classe au plafond bas, dont l’air est brassé par les pales d’un ventilateur. À l’intérieur, 200 étudiants sont serrés sur des bancs et suivent le cours de mathématiques, donné par le professeur équipé d’un microphone. Comme des millions d’Indiens, ces jeunes de New Delhi préparent les concours de la fonction publique, sésame pour une vie meilleure. Un concours difficile, car seulement un candidat sur 300 est reçu en moyenne.
Manoj Sharma, fils d’agriculteur diplômé d’une licence, est venu de l’État voisin de l’Haryana. « Si j’obtiens un emploi de fonctionnaire, j’aurai un bon salaire, un travail stable et garanti. C’est toute ma vie et celle de ma famille qui changera, nous serons aussi mieux respectés. J’aimerais entrer dans la police, mais je suis prêt à tout prendre, tant que c’est un emploi public », espère-t-il.
Quels emplois pour les jeunes diplômes ?
L’Inde, pays le plus peuplé devant la Chine avec plus de 1,4 milliard d’habitants, compte également l’une des plus importantes populations actives du monde. Plus de la moitié des Indiens ont entre 20 et 60 ans, ce qui offre une énorme opportunité économique à ce pays. Mais pour quels emplois ? Les usines embauchent peu, et les jeunes diplômés préfèrent le fonctionnariat, car ils peinent à trouver des métiers bien payés et gratifiants dans le secteur privé.
Amit Basole est économiste à l’université Azim Premji de Bangalore. Pour lui, « la création d’emplois dans les usines n’a pas augmenté ces dernières années. Donc, ce sont les services qui doivent absorber la demande de travail. Or, l’essentiel des emplois proposés sont peu qualifiés ; comme dans la sécurité, la livraison, ou la vente de détail, ce qui n’est pas une manière d’utiliser vraiment le potentiel de cette jeunesse. »
Une grande partie des jeunes urbains deviennent donc chauffeurs de taxis ou livreurs de repas, comme Danish Mohammed, 19 ans, qui attend que sa moto électrique se recharge pour partir livrer. « Mon rêve est de travailler dans l’informatique, mais je n’ai pas assez d’argent pour payer des cours de préparation, et je crains que mon anglais ne soit pas assez bon. Alors, je me prépare tout seul, et j’économise en livrant des repas. »
Le fleuron de l’Inde demeure le secteur des nouvelles technologies, qui représente 8% du PIB indien, mais n’absorbe pour l’instant que 1% de la main d’œuvre.
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