Sommet de Xi’an: l’enjeu agricole au cœur des routes de la soie
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Les dirigeants des cinq pays d’Asie Centrale sont réunis à Xi’an ce vendredi dans le centre de la Chine. Un sommet inédit où il est question notamment de pétrole, de gaz, mais pas seulement. L’agriculture est également au cœur des enjeux des routes de la soie.

De notre correspondant à Xi’an,
De la pâte large comme une ceinture que l’on tape sur la table. C’est comme ça que l’on fabrique les « biang biang », les célèbres nouilles du Shaanxi, la province qui accueille ce premier sommet Chine/Pays d’Asie centrale. La méthode remonte, paraît-il, à l’Antiquité
La démonstration est réalisée dans les ateliers du groupe agroalimentaire Aiju. Une visite organisée par les autorités. La compagnie d’État chinoise est implantée au Kazakhstan. « Nous avons bâti la plus grande usine d’huile alimentaire au Kazakhstan, vanteLiu Dongmeng, directeur adjoint, directeur des opérations et des ventes d'Aiju. On est installé dans le nord du pays. On a demandé au Kazakhstan de planter plus de 600 000 hectares de céréales que nous avons préemptés. Cela a permis de résoudre des problèmes d’achats et de fournir des revenus à de nombreux habitants. »
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La question agricole encore sensible
Résoudre les problèmes d’achats de produits agricoles : un euphémisme pour parler des grandes manifestations kazakhes de 2016. La question agricole reste sensible. Pourquoi ces manifestations à l’époque ? « Il y a eu des protestations dans tout le pays contre la décision du gouvernement kazakh de réviser une loi permettant de vendre de la terre aux étrangers, expliqueNiva Yau, chercheuse non-résidente, au Global China Hub de l’Atlantic Council, jointe au Kazakhstan. Certains ont pensé que c’était pour vendre la terre aux investisseurs chinois. Ils ont protesté. Et finalement, le projet de loi a changé... Ok, on ne peut pas vendre la terre, mais on peut la louer. »
Dans sa filiale du nord du Kazakhstan, Aiju a créé 120 emplois. Au siège de l’entreprise à Xi’an, la visite organisée passe devant un bras-robot articulé qui soulève des grosses bouteilles de 20 litres. De l’huile alimentaire, tournesol, colza… Mais pas que. « Les importations de Russie ont fortement augmenté l’année dernière. Même chose pour les importations d’Asie centrale. C’est la plateforme des routes de la soie qui permet ces partenariats gagnant-gagnant », explique Liu Dongmeng.
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Échange de bon procédé
Vodka et chocolats côté russe. Sur les étagères métalliques, du café de Malaisie pour les routes de la soie maritime, de la bière kazakhe, du vin de Géorgie, alors que les importations de Corée et du Japon stagnent. La propagande veut montrer autre chose que les hydrocarbures pendant ce sommet. Une diversification recherchée par les capitales d’Asie centrale également, en quête de nouvelles technologies. « L’Ouzbékistan a aussi des accords dans l’agroalimentaire avec la Chine. Nous avons les meilleurs fruits et légumes en Ouzbékistan, et nous demandons de la technologie aux Chinois », indique Mahleyo, journaliste à la télé ouzbek et spécialiste des questions agricoles.
Nouvelles technologies contre nourriture. Ce qui s’est appliqué dans l’industrie vaut aussi pour l’agroalimentaire. « Le secteur agricole de la région s’est retrouvé coincé dans les technologies amenées par la Russie. La Chine a aujourd’hui des propositions plus récentes, notamment dans le domaine des plants OGM déjà expérimenté dans le maïs », poursuit la chercheuse Niva Yau. Des transferts facilités par une météo commune à la province chinoise du Shaanxi et au pays d’Asie centrale. Les deux régions partageant des steppes semi-arides, voire arides.
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