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Uranium: le Kazakhstan, une alternative à l’emprise russe ?

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Olivier Becht, le ministre français du Commerce extérieur entame ce mardi 2 mai une visite au Kazakhstan. Cette république d’Asie centrale richement pourvue en uranium fournit à la France l'essentiel de ses besoins en métal radio actif. L'uranium est un minerai très recherché en ce moment.

Olivier Becht, le ministre français du Commerce extérieur  entame ce mardi 2 mai 2023, une visite au Kazakhstan. Ce pays fournit à la France l'essentiel de ses besoins en uranium. Sur la photo, il quitte la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée présidentielle à Paris, le 19 avril 2023.
Olivier Becht, le ministre français du Commerce extérieur entame ce mardi 2 mai 2023, une visite au Kazakhstan. Ce pays fournit à la France l'essentiel de ses besoins en uranium. Sur la photo, il quitte la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée présidentielle à Paris, le 19 avril 2023. AFP - BERTRAND GUAY
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Le sous-sol du Kazakhstan regorge de pétrole et de gaz. La guerre en Ukraine a été une aubaine pour ses exportations d'hydrocarbures vers l'Occident. C'est aussi vrai pour son uranium. Car même si le minerai russe n'est pas soumis à des sanctions, les Occidentaux qui continuent à s'approvisionner en combustible nucléaire auprès de la Russie cherchent activement des alternatives. Le Kazakhstan, numéro un mondial de l'extraction avec 40 % de la production, semble être un substitut de premier choix. Les pays d’Europe de l’Est regardent du côté de cette origine pour renouveler leur contrat à partir de 2025 a indiqué le directeur de la compagnie nationale Kazatomprom. La Roumanie a reçu au mois d’avril ses premières cargaisons d’uranium kazakh. Au premier trimestre, la production kazakhe a légèrement fléchi mais la demande et les prix sont en train de remonter.

Le Kazakhstan fournit à la France 40 % de ses besoins

La France, dont les deux tiers de l’électricité émanent des centrales nucléaires, a établi un partenariat de longue date avec son plus gros fournisseur. La visite du ministre délégué au Commerce extérieur s’inscrit dans cette relation ponctuée par des rendez-vous réguliers au plus haut niveau de l’État. Le président kazakh était par exemple en France en novembre dernier. Orano, l'ex-Areva, premier producteur mondial d'uranium, exploite deux sites sur places et est en train d'en développer un troisième qui devrait assurer la production pour les 15 prochaines années à venir. Des usines hyper compétitives. Avec des coûts de production inférieurs à ceux du Niger. Mais cette excellence ne suffit pas pour faire du Kazakhstan le fournisseur privilégié de tous les pays équipés en centrales nucléaires. Il lui manque encore la maitrise complète du cycle du minerai pour devenir un acteur autonome.

Car le Kazakhstan dépend encore grandement de la Russie pour traiter le minerai

La Russie est incontournable. Elle dispose de la moitié des capacités mondiales d’enrichissement de l'uranium. Et elle traite surtout de l’uranium kazakh. La Russie fournit environ le cinquième des importations européennes d’uranium enrichi, 14 % des importations américaines. La France importe de Russie du combustible recyclé. Tous ces pays hostiles à Moscou continuent pourtant à se tourner vers cette origine. Par manque de choix. Trouver d’autres fournisseurs maitrisant toute la production peut prendre 7 à 10 ans, estime un expert. Les investissements dans les capacités de traitement sont tellement élevés que seuls des États peuvent s'engager dans ces projets. Rien à voir avec le marché des hydrocarbures : après les sanctions sur le pétrole russe, il n'a fallu que quelques semaines pour réorganiser le commerce de l’or noir.

C’est sur cette réalité économique que butent toutes les velléités de sanction sur les exportations russes d’uranium.

Les pays d'Europe de l'Est y sont les plus opposés. Bien souvent leurs réacteurs sont de conception soviétique, c’est le cas de 18 centrales en Europe. Or seul Rosatom, le champion russe de l'atome, détient la technologie pour leur livrer le combustible ad hoc. Les importations européennes d’uranium russe se montent à un milliard de dollars par an ; la facture européenne du pétrole russe c’était près de 90 milliards de dollars. Les enjeux financiers des sanctions contre l'uranium russe sont donc bien moindres. Le champion russe Rosatom et son réseau de filiales étrangères a encore de beaux jours devant lui : malgré la guerre, Rosatom a des centrales en projet en Slovaquie, en Finlande et en Hongrie. Ses exportations ont bondi de 20 % en 2022. Quant à Kazatomprom, il doit surtout, comme pour le pétrole, diversifier les voies d'exportation de son uranium pour éviter de traverser le territoire de son imposant voisin.

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