Reportage international

Taïwan: quand salaires et immobilier ne font pas bon ménage

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À Taïwan, la problématique du prix de l'immobilier s'invite dans la campagne des élections présidentielles de janvier prochain. Elle est la 21ᵉ économie mondiale. Mais, à Taipei, la capitale, le rapport entre les salaires et le prix de l'immobilier est parmi les plus élevés au monde.

Vue sur le quartier moderne de l'est de Taipei, le 3 décembre 2022.
Vue sur le quartier moderne de l'est de Taipei, le 3 décembre 2022. © Alberto Buzzola / Getty Images
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Sous un soleil de plomb, ils sont des dizaines de milliers réunis devant le palais présidentiel de Taïwan ce dimanche 6 août. « Justice en matière de logement » est le mot d'ordre du mouvement. « À Taïwan, nos salaires sont assez faibles, et tout notre argent part dans l'immobilier. Si tu veux acheter un logement, tu dois t'endetter pour au moins 40 ans ! Je pense que le logement est un droit fondamental. Il ne devrait pas y avoir autant de gens qui spéculent dessus », déclare Jonas, ingénieur de 33 ans.

À Taipei, le prix de l'immobilier rivalise avec celui des plus grandes capitales mondiales. Mais à 750 euros par mois, le salaire minimum ne suit pas. Résultat, la moitié des Taïwanais âgés de 25 à 40 ans vivent encore chez leurs parents, comme Abby, 37 ans, consultante en économie : « J'ai voté pour le parti au pouvoir lors des deux dernières élections. Je pense que leur politique en matière de relation internationale est très bien. Mais le problème, c'est que les questions sociales sont négligées. Mon petit frère a acheté un appartement, car il a un enfant, mais il a du mal à joindre les deux bouts. »

« Les prix augmentent constamment »

Depuis les années 1990, les associations dénoncent le problème, mais l'écart entre les salaires et les prix de l'immobilier a presque triplé et le taux de natalité, lui, est en chute libre. « La principale raison, c’est la fiscalité. La taxe sur la propriété est extrêmement basse, donc les gens investissent beaucoup d’argent dans l’immobilier et les prix augmentent constamment. La conséquence, c'est que les jeunes laissent tomber et habitent avec leurs parents pendant très longtemps et cela veut dire que tu ne peux pas avoir de famille et pas d’enfant », affirme Allen Chan, chercheur au sein du collectif Ours.

Élu en 2016, le Parti démocrate progressiste avait promis de s'attaquer au problème. Mais dans les faits, hors de question de modifier les règles du jeu, et notamment la fiscalité. 80% de propriétaires, c’est aussi autant d’électeurs inquiets de voir leurs biens perdre de la valeur. Pour le ministre-adjoint de l'intérieur, Ching-Chun Hua, « certaines ONG voudraient que le gouvernement fasse quelque chose pour réduire les prix de l’immobilier très rapidement. Mais ce n’est pas bon pour l’économie ». Il ajoute  : « Nous voulons que le marché soit stable. Un marché stable, c’est mieux pour les propriétaires et c'est mieux pour l’économie taïwanaise. »

Cette inaction pourrait coûter cher au Parti démocrate progressiste lors des élections présidentielles de janvier prochain. Selon de récents sondages, seuls 20% des moins de 30 ans souhaitent voter pour son candidat. 

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