Reportage international

Le Haut-Karabakh en proie à une crise humanitaire sans précédent

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Au moins quatre soldats tués côté arménien, trois autres blessés côté azerbaïdjanais, dans un nouvel épisode de tension, vendredi 1er septembre, à la frontière entre les deux pays qui se disputent le Haut-Karabakh. Ce territoire peuplé à majorité d'Arméniens, mais enclavé en Azerbaïdjan, traverse une crise humanitaire sans précédent. La seule route terrestre qui le relie à l'Arménie est bloquée par les forces azerbaïdjanaises, en violation d'un accord de cessez-le-feu de 2020.

Un convoi de camions d'aide humanitaire venus de France en route pour le corridor de Latchin, le 30 août 2023.
Un convoi de camions d'aide humanitaire venus de France en route pour le corridor de Latchin, le 30 août 2023. © AFP/Karen Minasyan
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De notre envoyé spécial dans la région,

C’est devenu le seul contact de Mary avec sa famille. Plusieurs fois par jour, elle appelle ses proches dans le Haut-Karabakh. Et d’après eux, la situation empire.

« Pour ma maman, mon petit frère, leur quotidien, c’est de faire la queue pour recevoir un pain. Tous les produits qu’on utilise chaque jour, là-bas, c’est absence totale. Il n’y a pas de gaz, il n'y a que six heures d'électricité par jour. C'est impossible d'envoyer quelque chose », explique-t-elle.

« On doit absolument trouver une solution »

Depuis neuf mois, Mary ne peut plus rentrer chez elle. Impossible d’envoyer de l’aide, la seule route qui relie l’Arménie à sa famille dans le Haut-Karabakh est bloquée. À l’entrée de ce corridor de Latchin, les Azerbaïdjanais ont installé leur checkpoint en violation d’un accord signé en 2020. Les soldats russes chargés sur place du maintien de la paix ont laissé faire.

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« On parvenait il y a encore peu de temps à envoyer régulièrement des médicaments, des produits pour bébés, des kits de produits hygiéniques. On livrait aussi de la farine, de l’huile, du sucre. Mais tout cela n’est plus possible », déplore Zara Amatuni, responsable du Comité international de la Croix-Rouge. « On espère pouvoir de nouveau voir circuler les biens et les personnes le long de ce corridor, mais il faut que les conditions soient acceptées par les deux parties. On doit absolument trouver une solution. »

Malgré le blocage, le CICR, seule organisation encore présente dans le Haut-Karabakh, parvient à évacuer au compte-goutte les malades les plus graves. Cependant, pour les autres, quitter l’enclave est possible mais peut s'avérer dangereux.

L'appel des jeunes aux responsables politiques à agir pour le Haut-Karabakh

En début de semaine, trois étudiants ont été arrêtés dans le couloir de Latchin alors qu’ils prenaient la route vers Erevan. Pour les soutenir, une centaine de jeunes se sont rassemblés cette semaine devant l’ambassade de Russie de la capitale arménienne.

« Les étudiants ont été enlevés par l’Azerbaïdjan. Mais ce sont les Russes sur place qui sont chargés du maintien de la paix. Ce sont eux qui doivent escorter nos jeunes quand ils sortent du Haut-Karabagh. Officiellement, on est autorisés à quitter le Haut-Karabakh, mais au final, les gens n’osent plus partir, car ils ont peur que les soldats azerbaïdjanais trouvent un prétexte pour les enlever. »

Christine sera de nouveau dans la rue de Erevan ce soir. Les jeunes appellent les responsables politiques à agir pour le Haut-Karabakh. 

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