Reportage international

Dans le nord d'Israël, les déplacés reconstruisent leur quotidien

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La guerre entre Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza est entrée dans sa troisième semaine. Elle pourrait s’étendre aussi au nord, entre Israël et le Hezbollah libanais, alliés à des groupes palestiniens. L'État hébreu a ordonné l’évacuation d’une trentaine de localités situées près la ligne bleue, qui sépare les deux pays. 

Les déplacés israéliens bénéficient d’une mobilisation nationale et reçoivent des dons de vêtements et de jouets.
Les déplacés israéliens bénéficient d’une mobilisation nationale et reçoivent des dons de vêtements et de jouets. © Guilhem Delteil/RFI
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De nos envoyés spéciaux,

« On n'a jamais eu à quitter nos maisons comme ça avant. Jamais. Et on ne sait pas quand nous allons revenir. » Le 7 octobre au matin, Revital Shahaf n’a réfléchi que quelques heures avant de faire ses bagages. Cette enseignante vit à Malkia, un kibboutz, village collectiviste, d’où elle peut voir le Liban. Et l’attaque du Hamas a suscité une crainte d’une attaque similaire venant de l’autre côté de la ligne de séparation. « On a eu une discussion de famille et nous avons décidé de partir pour quelques jours. J’ai réveillé ma fille et je lui ai dit "lève-toi, habille-toi". Quelque chose terrible s’est passé. Prépare-toi, mais je ne sais pas à quoi », se souvient-elle.

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Revital Shahaf a été installée dans un hôtel sur les hauteurs de Tibériade, réquisitionné par le gouvernement. Partis précipitamment, les déplacés n’ont pas nécessairement tout ce dont ils ont besoin. Mais une solidarité nationale s’est mise en place pour leur venir en aide. Des dons de vêtements, de jouets pour enfants pour occuper les journées… Et les déplacés eux-mêmes s’organisent pour s’offrir une assistance mutuelle. Revital Shahaf s’est ainsi proposée de s’occuper des lessives. « Je me suis simplement dit : "Que vais-je faire ici ?" Je ne suis pas en vacances. Je ne suis pas venue ici pour séjourner à l’hôtel ou me divertir. Je veux être occupée et je veux aider les gens. »

Une solidarité pour aider les populations déplacées

À Malkia, Yael Mellul Gonzales est l’infirmière de la communauté. Un rôle qu’elle a repris à l’hôtel. « Être une infirmière dans un kibboutz, c'est un rôle assez central. Je suis un peu aussi une assistante sociale, parce qu'on parle beaucoup. Mais je suis quelqu'un de très maternel, je les enlace tous, et ça leur fait du bien. »

Cet hôtel de 170 chambres accueille des habitants de différentes localités évacuées. Mais ceux d’un même kibboutz ont été relogés au même endroit. Des retrouvailles salutaires pour Yael Mellul Gonzales : « On a retrouvé ensemble le fait d'être avec des proches. Il y a quelque chose qui unit sûrement un peu plus les gens qui ont l'habitude de vivre ensemble, et qui se posent la même question : est-ce qu'on va rentrer chez nous ? Après, on essaie de ne pas trop réfléchir, mais c'est difficile », confie-t-elle.

Revital Shahaf aimerait étendre cet « ensemble » à toute la population du pays, incluant les communautés palestiniennes et druzes. Mais elle sait que cette guerre laissera des traces durables. Et pour l’heure, chaque communauté est concentrée sur son propre besoin de traverser ce conflit.

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