La sécheresse en Colombie entraîne des coupures d'eau à Bogota depuis 3 mois
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À Bogota, la capitale colombienne perchée à 2 600 mètres d'altitude, les coupures d'eau, décrétées il y a trois mois pour faire face à une inhabituelle sécheresse, continuent, malgré le retour de la pluie.

Bogota et sa banlieue, ce sont 12 millions d’habitants qui vivent en altitude et boivent de l’eau très pure, en provenance des barrages nichés dans les montagnes qui surplombent la ville. Juan Carlos del Castillo, urbaniste, explique les particularités de la capitale colombienne : « Bogota fait partie d’un écosystème qui traditionnellement produit beaucoup d’eau, parce qu’il dépend des montagnes [environnantes] qui constituent un énorme réservoir. »
Mais le changement climatique et le phénomène El Niño entraînent des sécheresses de plus en plus fortes dans les Andes. Natasha Avendaño, directrice de l’Acueducto, l’entreprise publique qui fournit l’eau de la ville, ajoute qu'il y a d'autres causes qui expliquent ces pénuries d'eau : « Environ 50% de l’eau du barrage de Chuza, qui est notre plus grand barrage, vient des précipitations de l’Amazonie et de l’Orénoque, par ce qu’on appelle les rivières célestes. » Les rivières célestes, ce sont des masses d’eau évaporées qui se déplacent dans l’atmosphère. Bogota souffre donc aussi de la sécheresse de l’Amazonie.
À Bogota, la vie s'organise pour pallier les coupures d'eau
Depuis trois mois, l’eau est coupée par secteur, pendant 24 heures. Sylvie, une architecte française qui vit à Bogota, le sait désormais : « Là, je remplis des seaux d’eau parce que demain, on nous coupe l’eau. Il faut prévoir pour les toilettes, la cuisine. Et on sait que tous les neuf jours, c'est notre tour. »
Le rationnement complique la vie quotidienne et l’activité économique. Les restaurateurs, les coiffeurs, les laveurs de voitures, les industriels se plaignent du manque à gagner. Les hôpitaux et les établissements scolaires sont autorisés à utiliser leur réservoir le jour où l’eau est coupée. Les immeubles résidentiels, eux, sont priés de ne pas le faire. Madame Avendaño, directrice de l'entreprise publique qui fournit l'eau à Bogota, regrette : « Il y a des quartiers de la ville où les gens refusent de fermer le robinet du réservoir de leur immeuble. Ils déjouent le rationnement et ils ont de l’eau tous les jours, faute de solidarité. C’est peut-être la chose la plus difficile du rationnement. » Le manque de civisme, lui, n’est pas nouveau.
Le vrai défi reste l’approvisionnement en eau sur le long terme. La ville de Bogota doit-elle construire de nouveaux barrages ? Exploiter les nappes souterraines aujourd’hui inutilisées ? La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement planchent sur le sujet avec des ingénieurs colombiens ; le rationnement, qui pourrait encore durer plusieurs mois, ne résout rien.
À écouter aussiComment s’adapter aux prochaines pénuries d’eau ?
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