L'impasse des réfugiés gazaouis en Égypte, interdits de travailler et sans permis de résidence
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Depuis le 7 octobre 2023, plus de 100 000 Palestiniens de Gaza ont fui les bombes israéliennes, direction l’Égypte. La plupart paient un droit de passage, à hauteur de 5 000 dollars par adulte et se retrouvent au Caire sans permis de résidence, simplement tolérés par les autorités. Ils survivent, grâce à l’aide d’associations, mais n’accèdent que difficilement à l’emploi et leur avenir demeure très incertain. Reportage auprès d'un couple rencontré dans la capitale égyptienne. Originaires de Khan Younès, ces jeunes parents ont fui la guerre pour sauver la vie de leur bébé.

De notre correspondante au Caire,
Le 31 octobre 2023, Khan Younès tremble sous les frappes israéliennes. C’est pourtant là que Dalia, jeune palestinienne de 26 ans, donne naissance à la petite Nermine, un accouchement particulièrement délicat, témoigne la jeune mère : « Quand j’ai accouché, c’était très dur, cela a duré trois jours, il y avait des bombardements, je les entendais pendant que j’accouchais. »
Mais son cas est alors loin d’être une priorité pour le personnel de l’hôpital, débordé par l’afflux de blessés et de déplacés : « Il n’y avait pas beaucoup de personnel ou de matériel médical disponible, car ils étaient occupés par les blessés, les martyrs, j’ai eu 36 points de suture sans anesthésie », se rappelle Dalia. Elle quitte l’hôpital, épuisée, pour regagner sa maison avec sa fille, mais là aussi, la situation est catastrophique : « Imaginez, j’avais encore mes points de suture, je me lavais à la main et je cuisinais au feu. Alors à partir de là, nous avons pris la décision de partir », explique-t-elle.
C’est son mari, Baha, 37 ans, qui s’occupe des démarches pour le départ vers l’Égypte : « Au début, je ne voulais pas voyager, car il fallait payer un droit de passage, 5 000 dollars par adulte. Mais pour Nermine, il y a eu beaucoup de souffrance et de bombardements autour de nous, j’étais son père et je ne pouvais pas la protéger. Alors je me suis dit, ça suffit, je vais voyager et j’ai payé. »
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« Penser à l’avenir, c'est psychologiquement fatigant »
Ils dépensent toutes leurs économies, empruntent le reste à leur famille, puis traversent la frontière fin février pour l’Égypte. Ils s’installent dans un appartement en périphérie du Caire. « L’appartement était vide, tous les meubles sont des dons d’association », décrit Dalia. Mais désormais, l’urgence, c’est de trouver des fonds pour payer leur loyer, équivalent à 200 euros par mois. « Je ne veux pas que nous soyons expulsés d’ici. Si nous sommes expulsés, à la rue, comment faire avec le bébé ? », s’inquiète la jeune mère.
Faute de permis de résidence, simplement tolérés ici par les autorités égyptiennes, ils n’ont pas accès à l’emploi. « Penser à l’avenir est fatigant, psychologiquement fatigant, se désespère Baha, avec la pression que j’ai sur moi, puisque les deux sont sous ma responsabilité… Ou bien je dois quitter le pays, pour l’Europe, par exemple. »
Mais pour l’heure, la famille est coincée en Égypte, avec pour seule urgence de garantir un toit à leur petite fille de dix mois.
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