Reportage international

À Taïwan, la série télévisée Zero Day imagine l'invasion chinoise

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À Taïwan, une série télévisée imagine pour la première fois le scénario d’une invasion chinoise. La série intitulée Zero Day a publié un premier extrait très réaliste qui a suscité l’émotion à Taïwan. Reportage sur le tournage du film sur l’île taïwanaise de Kinmen.

Une vue de l'ile de Kinmen à Taïwan, le 24 mai 2024. (Image d'illustration)
Une vue de l'ile de Kinmen à Taïwan, le 24 mai 2024. (Image d'illustration) AFP - SARAH LAI
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De notre correspondant dans la région de retour de Kinmen,

Une dizaine de soldats chinois vient de débarquer sur cette petite plage. Dans les bunkers, l’armée taïwanaise tente de riposter. Les combats au corps à corps débutent. Heureusement, ce n’est que du cinéma. Cheng Hsin-mei est la scénariste et productrice de la série Zero Day :

« Depuis l’invasion russe en Ukraine, j’ai remarqué que tous mes amis taïwanais sont devenus plus inquiets face au risque de guerre. J’ai pensé que nous devions exprimer cette anxiété à travers une histoire, car après tout, c’est un sentiment partagé par tous les Taïwanais », explique-t-ell.

La série imagine les sept jours précédant une invasion chinoise. Pékin lance d’abord un embargo autour de Taïwan et envahit la petite île de Kinmen. La population taïwanaise se divise entre les appels à la résistance et les soutiens à la Chine. « On s’est beaucoup renseignés pour écrire le scénario, raconte Cheng Hsin-mei. On a réalisé que si la Chine devait envahir Taïwan, le plus probable c’est qu’elle mobiliserait d’abord ses soutiens infiltrés au sein de la société. Ce n’est qu’après avoir créé le chaos qu’elle envahirait réellement. On trouvait cela intéressant, parce que cela permettait de raconter les choix et les dilemmes de nos personnages. »

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« J'espère que le monde entier verra cette série »

Réaliser ce projet est un exploit à Taïwan. Par peur des répercussions sur le marché chinois, beaucoup d’artistes taïwanais évitent la question politique. La production a dû batailler pour trouver des acteurs prêts à prendre le risque, comme l’actrice d’origine taïwanaise et américaine Janet Hsieh, qui joue le rôle de la présidente taïwanaise :

« Je savais que cela allait attirer l’attention, car personne n’avait jamais filmé ce type de sujet. J’espère que le monde entier verra cette série et saura que Taïwan est un endroit où il est possible de filmer autant de sujets différents. »

En réalité, la série n’aurait pu se faire sans un soutien de taille : celui du milliardaire Robert Tsao, l’ancien patron de l’entreprise UMC, un des géants des puces électroniques. Dans son appartement du centre de Taipei, il répond aux critiques de ceux qui trouvent la série trop anxiogène : « Personnellement, je ne pense pas que la Chine pourrait faire comme la Russie et attaquer directement, ils ont trop de problèmes domestiques à régler ! Mais si jamais ils attaquent et que personne n’est prêt, alors c’est dangereux. Cette série veut sensibiliser à ce sujet. C’est pour ça que j’ai voulu les soutenir. On ne peut pas continuer à prendre les gens pour des enfants en leur disant que rien ne se passera. » 

Selon de récents sondages, environ 70% des Taïwanais se disent prêts à se défendre en cas d’invasion chinoise.

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