Ukraine: à Sloviansk, la dernière maternité ouverte de la région de Donetsk poursuit ses accouchements sous les bombardements
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En Ukraine, alors que la population est appelée à quitter de nouvelles communes de la région de Donetsk, des dizaines de milliers d'Ukrainiens toujours sur place vivent sous les frappes russes devenues quotidiennes et une situation humanitaire qui se dégrade. À Sloviansk, l'une des deux dernières grandes agglomérations encore libres du Donbass, avec Kramatorsk, sa ville jumelle, la dernière maternité encore ouverte de la région continue à recevoir et à accoucher des dizaines de patientes chaque mois, malgré la situation qui se dégrade quotidiennement, et la proximité du front.

De notre envoyée spéciale à Slaviansk,
En arrivant dans la maternité de Sloviansk, le calme des couloirs d'hôpital est frappant, il semble désert, et pour cause : au moment de ce tournage, les bébés et leur maman sont tous rentrés chez eux, car des bombes planantes sont tombées à trois reprises à quelques dizaines de mètres seulement de l'hôpital.
« Notre maternité est la seule encore active de la partie non occupée de la région de Donetsk à l'heure actuelle. Nous travaillons dans des conditions difficiles, des bombardements constants, surtout aujourd'hui, explique Volodymyr Ivanenko, 69 ans, directeur de l’hôpital. (...) Dans la situation actuelle, on peut prendre des mesures d'évacuation, c'est-à-dire renvoyer chez elles les patientes qui peuvent l'être. Le personnel restant est à son poste pour fournir tous les soins médicaux nécessaires. »
Malgré les ordres d'évacuation répétés issus par les autorités, la patientèle continue d'affluer, et avec elle, les naissances dans cette ville si proche de la ligne de front : « En cas d'évacuation de la population, bien sûr que les actes médicaux diminueront également, mais regardez : avant la guerre, nous avions plus de cent naissances par mois, et maintenant, nous en avons quarante. »
Anastasia Yevgenovna, cheffe du département de néonatologie, explique pourquoi les naissances sont toujours nombreuses : « Beaucoup de femmes ne veulent pas quitter la ville, et il y a aussi celles qui viennent d'autres régions d'Ukraine, car leur mari sont soldats ici. » C'est le cas de Dasha, 22 ans et future maman, qui précise : « Je pense que c'est très important, c'est une bonne chose qu'il y ait des gynécologues qui restent en ville, car les militaires se déplacent désormais d'une ville à l'autre, et parfois avec leurs proches. »
« Il y a davantage de pathologies chez les femmes
Pourtant, si la vie continue d'être donnée si près du front, la guerre a des conséquences directes sur la santé des mères et de leurs enfants : « Il y a davantage de pathologies chez les femmes, d'abord le stress, puis toutes ces substances qui se retrouvent dans l'environnement à cause des munitions, dont on ne sait pas ce qu'elles contiennent... Et des enfants trisomiques qui, pour une raison ou une autre, ne se sont pas présentés, car leurs mères n'étaient pas enregistrées, viennent des villages proches de la ligne de front, où les combats font rage, et disent ne pas avoir la possibilité de se rendre à la clinique prénatale »
Depuis cet été, la situation humanitaire s'est considérablement dégradée dans l'ensemble de la région de Donetsk. Malgré le danger, les femmes enceintes peuvent encore y donner la vie dans un cadre médicalisé, mais si la maternité de Sloviansk fermait ses portes, elles ne pourraient plus bénéficier d'un suivi médical adéquat.
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