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À la Une: libérer l’avenir de l’obsession du passé…

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Emmanuel Macron lors de sa dernière visite officielle en Algérie, en décembre 2017
Emmanuel Macron lors de sa dernière visite officielle en Algérie, en décembre 2017 © AP
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C’est ce jeudi après-midi qu’Emmanuel Macron débute sa visite officielle de trois jours en Algérie. Objectif : tourner la page des brouilles et refonder une relation qui reste marquée par le poids du passé.

Bref, « libérer l’avenir de l’obsession du passé », comme le titre joliment Le Matin d’Algérie. En effet, pointe le quotidien algérien, « la relation algéro-française est des plus singulières. Soixante ans après l’indépendance, cette relation est aussi sujette à la méfiance qu’elle l’était au temps des négociations des accords d’Évian. Sept chefs d’État en France et autant en Algérie se sont succédé depuis, sans qu’aucun n’ait réussi à la placer sur de bons rails, sur la bonne voie qui est celle du réalisme, des intérêts mutuels et de la vision stratégique hauturière. Sous chacun d’entre eux, il y a eu un déraillement provoqué par un rien, un propos jugé vexatoire ou une position réputée provocatrice, qui a tout de suite pris une dimension catastrophique et ouvert une ère de bouderies ruineuses pour les intérêts réciproques, en attendant qu’un mot flatteur ou un geste de solidarité vienne l’effacer aléatoirement mais pour un moment seulement. »

Alors, poursuit Le Matin, « on ne construit pas l’avenir sur du mépris, des haines inassouvies, du ressentiment ou des malentendus. L’Algérie et la France ne pourront pas tisser une relation viable et durable tant que la question mémorielle n’aura pas été réglée. »

Et le journal de s’interroger : « la visite du président Macron en Algérie sera-t-elle une énième séquence infructueuse à inscrire sur la longue liste des occasions ratées, ou l’occasion d’un sursaut moral, politique, diplomatique et économique face aux enjeux de l’avenir ? »

Pas de grandes annonces… mais une refondation ?

Côté français à présent, le quotidien La Croix affirme ne pas s’attendre à des miracles… « Pas de grandes annonces lors de ce voyage, pas plus que des signatures de grands contrats économiques ou d’armement. Mais l’Élysée escompte, pour la France en perte de vitesse, "refonder et développer une relation résolument tournée vers l’avenir". Toutefois, peut-on faire table rase du passé ? », s’interroge La Croix. « Pour Emmanuel Alcaraz, historien et enseignant à Sorbonne Université, "les Algériens ne veulent pas de la politique du 'en même temps' d’Emmanuel Macron, il sera impossible d’approfondir les relations tant que des excuses n’auront pas été formulées sur la colonisation et la guerre". '"Chaque mot déplacé sur l’histoire est une brûlure d’histoire", souligne pour sa part le politologue Riadh Sidaoui. Et puis pour William Lawrence, politologue à l’université américaine George-Washington, toujours interrogé par La Croix, « les différentes visions de l’histoire n’atténuent pas la responsabilité de la France. Il faudra bien reconnaître les traumas et réparer les maux de l’histoire. Si Emmanuel Macron fait un geste, limité, eu égard à sa marge de manœuvre politique nationale, "ce qu’il dira ne sera jamais assez". »

Porte vers le futur ?

En tout cas, remarque WakatSéra au Burkina Faso, « ce séjour d’Emmanuel Macron en Algérie, le premier après sa réélection, ne sera pas que souvenirs d’un passé houleux. Il s’ouvrira sur le futur pour donner un nouveau souffle à des relations franco-algériennes faites de "je t’aime moi non plus". Avec : le business, notamment la cour à l’Algérie pour son gaz qui pourrait approvisionner la France ; la sécurité, surtout dans un Sahel écumé par les terroristes, et où le voisin malien de l’Algérie donne du fil à retordre à Paris ; et enfin, l’immigration avec la réduction sans commune mesure des visas français à l’endroit des Algériens. »

Un assouplissement pour la délivrance de visas ?

Les visas : une question vitale pour des milliers d’Algériens… « Le président Tebboune va-t-il convaincre Macron d’assouplir le traitement des dossiers de visas ? », s’interroge le site ObservAlgérie. « Depuis l’année dernière, rappelle-t-il, l’État français a décidé de réduire de 50% le nombre de visas accordés aux Algériens pour protester contre le refus des autorités algériennes d’accueillir leurs ressortissants faisant l’objet d’obligations de quitter le territoire français. » Alors, « va-t-on vers un assouplissement de la démarche de demande de visas ? »

Oui, affirme TSA, autre site d’information algérien. TSA qui relève que des efforts ont été faits des deux côtés de la Méditerranée. L’Algérie a assoupli l’entrée de ses ressortissants faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français. Et de son côté, Paris affirme que « la baisse du nombre de visas n’a pas vocation à se pérenniser. »

Voilà au moins un différend en passe de se régler…

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