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À la Une: après le putsch au Burkina Faso, et maintenant on fait quoi ?

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Ibrahim Traoré, est accueilli par des partisans portant des drapeaux russes alors qu'il arrive à la télévision nationale debout dans un véhicule blindé à Ouagadougou, Burkina Faso, le 2 octobre 2022.
Ibrahim Traoré, est accueilli par des partisans portant des drapeaux russes alors qu'il arrive à la télévision nationale debout dans un véhicule blindé à Ouagadougou, Burkina Faso, le 2 octobre 2022. © Vincent Bado / REUTERS
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Questions posées par le quotidien Aujourd’hui : « et maintenant on fait quoi ? Quel schéma pour une Transition apaisée ? À quel timing ? Quel sera le format du recadrage post-Damiba ? »  

Certes, pointe le quotidien ouagalais, « le capitaine Traoré a évoqué hier des assises nationales, qu’il veut au plus vite, même avant la fin de cette année 2022. Et il n’a pas d’option pour un civil ou militaire. » Mais, prudence, affirme Aujourd’hui : « il faudra trouver les bonnes personnes pour la rédaction de la nouvelle charte dont chaque ligne devra être lue et relue. Ensuite, que cette Loi fondamentale de la Transition soit adoptée de façon consensuelle. Place après à la désignation du mouton à cinq pattes : le président civil ou militaire, et les candidats à ce poste devront être pesés au trébuchet sur leurs qualités intrinsèques. Suivra la formation du gouvernement ! Combien seront appelés à tracter cette transition ? Au fait, ressuscitera-t-on l’Assemblée législative ou gouvernera-t-on par oukases ? On le voit, relève encore Aujourd’hui, il y a des prérequis et des préalables dont la mise en place créera des pinaillements et des gorges chaudes. Et forcément, il faudra jusqu’en décembre prochain pour l’installation de tout ce puzzle transitionnel. » 

Et la CEDEAO ? 

Autre interrogation, soulevée cette fois par WakatSéra  : « la CEDEAO va-t-elle dégainer ? (…) La bienveillance de l’institution sous-régionale à l’endroit de l’un de ses meilleurs élèves, Paul-Henri Sandaogo Damiba, pour ne pas le nommer, déteindra-t-elle sur son tombeur ? (…)  Même si l’organisation ouest-africaine ne devrait pas lancer, hic et nunc, une salve de sanctions contre Ouagadougou, où sa délégation sera finalement présente ce mardi, elle se donnera certainement le devoir de rappeler au nouveau chef du MPSR l’engagement pris par son devancier d’organiser en juillet 2024 des élections démocratiques pour remettre le pouvoir aux civils. »  Bref, conclut WakatSéra, « tout devrait bien se passer, si la CEDEAO joue la carte du peuple et que les nouveaux patrons du MPSR font preuve de cette bonne foi qu’ils affichent officiellement en tout cas. » 

Capable de relever le défi sécuritaire ? 

Autre écueil et de taille, relève pour sa part Le Point Afrique : la situation sécuritaire dans le pays. « Les Burkinabè attendent désormais de voir comment elle va évoluer. C’est le principal motif de mécontentement des populations. Ces derniers mois, des attaques tuant des dizaines de civils et de soldats se sont multipliées dans le nord et l'est du Burkina Faso, où des villes sont désormais soumises à un blocus des djihadistes. Depuis 2015, les attaques régulières de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes. La semaine dernière encore, rappelle Le Point Afrique, un massacre a eu lieu près de la ville de Djibo, encerclée depuis février dernier par des djihadistes. Lundi dernier, un convoi de nourriture escorté par l'armée a tenté de rejoindre la ville, pour aider les 350.000 habitants qui y vivent, mais les djihadistes ont attaqué, détruit 90 camions et tué treize militaires. 50 civils sont toujours portés disparus. C’est ce énième massacre qui a provoqué la colère des militaires et donc le putsch qui a suivi. » 

Justement, pointe Jeune Afrique, « la priorité absolue du capitaine Traoré, le nouvel homme fort du Burkina Faso, est de mettre fin, assure-t-il, à l’interminable martyrologe des populations du nord et de l’est. Comme son prédécesseur, qui s’était emparé du pouvoir avec les mêmes intentions, c’est sur sa capacité à relever ce défi, en se gardant de toute fuite en avant idéologique à la malienne, qu’il sera jugé, estime Jeune Afrique. En viendrait-il à échouer, qu’après le temps des colonels, puis des capitaines, surgira celui des lieutenants. Toujours aussi populaires, toujours aussi éphémères, soupire le site panafricain, les militaires continueront de squatter les plateaux de la télévision entourés de séides masqués, armés jusqu’aux dents. Et de promettre un avenir aussi radieux qu’un mirage dans le désert du Yatenga. » 

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