Revue de presse Afrique

À la Une: colère au Sénégal après le drame de Kaffrine

Publié le :

Vue générale de l’accident routier suite à la collision de deux bus, le 8 janvier 2023, dans la localité de Sikio, département de Kaffrine, au Sénégal.
Vue générale de l’accident routier suite à la collision de deux bus, le 8 janvier 2023, dans la localité de Sikio, département de Kaffrine, au Sénégal. AFP - CHEIKH DIENG
Publicité

C’était dans la nuit de samedi à dimanche dernier : deux bus bondés qui se télescopent dans le département de Kaffrine, à 250 km à l’est de Dakar. Bilan : 39 morts et 101 blessés. L’émotion est vive au Sénégal.

Hier, lundi, un conseil interministériel sur les accidents de la route s’est tenu. Pour le Premier ministre Amadou Bâ, « il faut une mobilisation sans faille des pouvoirs publics, rapporte WalfQuotidien, mais aussi une évolution importante des comportements. » Sept cents morts par an sur les routes, « c’est une hécatombe », a poursuivi le Premier ministre. « Beaucoup de ces décès pourraient être évités par des comportements plus responsables et par une action résolue des pouvoirs publics. »

Pour sa part, le président Macky Sall avait décrété, dès dimanche soir, un deuil national de trois jours et promis des mesures rapides.

« Accidents routiers au Sénégal : un mal qui a trop duré », soupire pour sa part Le QuotidienLe Quotidien qui publie sur son site internet tous les articles de ces dernières années sur le sujet. Voici quelques titres éloquents : « Silence, la route tue ! »« Trois mille morts entre 2017 et 2020 : routes, la grande faucheuse », « Récurrence des accidents de la circulation : la faiblesse coupable de l’autorité publique », « Accidents de la circulation : une hémorragie de près de 163 milliards par an ».

Un grand coup de balai !

Le journal 24 Heures ne cache pas sa colère… « Ce ne sont pas des condoléances, Monsieur le Président, que nous voulons recevoir, même si c’est très gentil de votre part. Nous voulons un grand coup de balai. »

Pour 24 Heures, le principal responsable, c’est la corruption… « Il y a officiellement dans le pays, précise le journal, 996.000 permis de conduire délivrés par l’administration des transports routiers alors qu’il y a plus de 3 millions de permis qui circulent dans le réseau. Ce qui fait qu’il y a près de 2 millions de faux permis au Sénégal… Comment et par quels circuits de corruption, autant de faux documents ont-ils été délivrés ? (…) Autre cécité de nos autorités, qui est à la base même du problème, pointe encore 24 heures, c’est le contrôle technique des véhicules. » Inexistant…

En fait, résume le quotidien dakarois, « le mal réside dans nos capacités à tourner les lois, à tordre les règles des contrôles techniques à coups de billets dans les enveloppes, dans notre regard complaisant sur les garages de mécanos où l’on vend officiellement de fausses pièces de voitures. Notre mal réside dans cette évidence qu’il est interdit de punir, dans ces curieuses scènes où un conducteur mettra sa ceinture de sécurité non pas pour se protéger d’un choc, mais du racket d’un policier. »

À lire aussi : Sénégal : quelles mesures pour faire face à l’insécurité routière ?

Et il n’y a pas que le Sénégal…

Et le problème dépasse largement les frontières du Sénégal… « Pas plus tard que la semaine dernière, relève Le Pays au Burkina, un accident du même genre impliquant un car de transport de voyageurs et un convoi funèbre a fait 14 morts à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire. Quelques mois auparavant, en septembre dernier, 34 personnes, dont 16 enfants, périssaient en RDC dans l’accident d’un camion de marchandises qui transportait aussi des passagers. »

Alors, pointe encore Le Pays, « entre incivisme des conducteurs, cupidité de certains transporteurs et laxisme de l’État dans l’application stricte des règles de circulation, les responsabilités sont sans doute partagées dans ces drames à répétition. Sans oublier la part de responsabilité de policiers corrompus dont l’appât du gain facile l’emporte largement sur l’éthique de leur profession (…). En tout état de cause, conclut Le Pays, tant qu’il n’y aura pas une prise de conscience individuelle et collective sur la nécessité du respect strict des règles de la circulation routière, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets. C’est dire s’il est temps de changer radicalement de paradigme pour n’accorder aucune circonstance atténuante aux manquements aux règles de sécurité routière. Cela nécessite non seulement l’implication de tous les acteurs du secteur des transports, mais aussi celle des autorités et des populations. Il y va de l’intérêt de tous, pour que la route ne tue plus autant dans nos pays déjà confrontés à de nombreux autres défis, dont celui sécuritaire face à l’hydre terroriste qui endeuille déjà suffisamment de nombreuses familles. Il faut éviter d’ajouter inutilement de la douleur à la douleur. »

À lire aussi : RDC: une nouvelle présidence pour l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 04:00
  • 04:05
  • 04:14
  • 04:37
  • 04:21