À la Une: la chute de Blaise Compaoré il y a neuf ans jour pour jour
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L’ancien président burkinabè, à la tête du pays pendant 27 ans, a été chassé du pouvoir le 31 octobre 2014, par un « ouragan » dont il n’a « pas su mesurer » l’ampleur, se remémore Aujourd’hui au Faso. Une journée encore très vive dans l’esprit des Burkinabè. Le porte-parole du mouvement Balai citoyen, Eric Ismaël Kinda, interrogé par Le Faso, se souvient ainsi de l’arrivée « des manifestants au niveau de l’Assemblée nationale » ; du « rassemblement au niveau de la place de la révolution » ; les images de ces Ouagalais qui « se sont mobilisés pour nettoyer la ville afin d’envoyer un message fort ».
Depuis, cette date représente, selon Le Pays, « la fin des illusions du président Compaoré qui espérait enjamber le mur de la Constitution » mais symbolise « aussi et surtout le début d’une nouvelle ère démocratique dans le pays ».
Mais près d’une décennie plus tard, que reste-t-il de l’élan d’espoir suscité ? « Est-ce qu’un nouveau Burkina Faso est sorti de terre ? », s’interroge Le Pays toujours. Ou, sans aller aussi loin, est-ce qu’au moins « le pays des hommes intègres se porte mieux ? » À ces questions, le quotidien burkinabè répond avec circonspection. D’abord, la justice n’a pas encore apporté de réponse à la mort de 24 personnes durant l’insurrection populaire ; ensuite, même si cette dernière « a permis une éclaircie démocratique (…) avec l’élection dans les urnes du premier président civil de l’histoire du pays », la parenthèse Kaboré a vite été refermée.
Depuis, la déception
Depuis, regrette Aujourd’hui au Faso, « au jihadisme ambiant » toujours pas cornaqué, s’ajoute « une seconde transition sept ans après la première ». Bref, « il y a manifestement quelque chose qui n’a pas fonctionné dans l’intervalle » entre la chute de Compaoré et aujourd’hui.
Aujourd’hui au Faso, n’hésite pas à franchir le Rubicon, et estime que « rétrospectivement, il faut rendre justice à Blaise Compaoré (…) d’avoir fait du Burkina un havre de paix ». Dans les colonnes du Faso, Eric Ismaël Kinda appelle toutefois à la modération, même si « ceux qui regrettent [l’ancien président] sont dans leur droit et ont leurs raisons ». Sauf que pour cet enseignant en philosophie, ce sont les comportements de l’ancien chef d’État qui sont retombés sur le pays. Un président qui de toute façon était selon lui « un pion de l’Occident ».
Une dimension décoloniale
Tant et si bien qu’Achille Mbembe parle de « seconde décolonisation », rappelle Le Monde Afrique – une période marquée « par les manifestations hostiles à la France, qui témoignent bien d’un désir de tourner la page des relations asymétriques avec l’ancienne métropole ». Et le quotidien renchérit : « Malgré les assurances répétées de la volonté des autorités françaises (…) la page coloniale n’a pas véritablement été tournée. » Mais la France n’est pas seule concernée et le Monde cite ainsi, pêle-mêle, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, ou encore l’Angleterre, qui regarde son passé colonial en face via, notamment, un musée de l’esclavage à Liverpool.
Charles III en visite au Kenya
Une arrivée « sans tambours ni trompettes », note le Standard, pour marquer le début de ce déplacement de quatre jours dans un pays « spécial, d’une certaine manière, pour le roi Charles, continue le journal kényan, puisque sa mère, la reine Elizabeth II a pris le pouvoir en 1952 alors qu’elle était en déplacement au Kenya » .
Ce voyage, le premier du roi dans une ancienne colonie et dans un pays du Commonwealth depuis son accession au trône, souligne aussi, selon le Standard, « les liens profonds entre les deux pays, qui devraient être exploitées autant que possible, pour le bien » du Kenya aussi bien que du Royaume-Uni.
Et ce, malgré les relations coloniales que les deux pays ont un jour entretenues – des relations que le quotidien préfère laisser derrière lui : « Il s’agit du passé, et nous devons regarder vers l’avenir, même lorsque nous cherchons à obtenir justice pour le mal qui nous a été fait. » Et cette justice, précisément, passe selon le Standard par « la raison et la coopération ». Alors, le journal se prend à rêver que la visite royale signe le début d’une nouvelle ère pour la relation britannico-kényane, et conclut, comme il se doit – par un mot simple mais dont on sent le poids des enjeux : « Bienvenue, Charles III. »
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