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À la Une: quelle participation au référendum de dimanche en Guinée?

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Des moto-taxis sont garées à côté d'un panneau d'affichage politique en faveur du « oui » au référendum constitutionnel à Conakry, le 3 septembre 2025, à l'approche du référendum constitutionnel du 21 septembre 2025.
Des moto-taxis sont garées à côté d'un panneau d'affichage politique en faveur du « oui » au référendum constitutionnel à Conakry, le 3 septembre 2025, à l'approche du référendum constitutionnel du 21 septembre 2025. © Patrick Meinhardt / AFP
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La campagne pour le référendum constitutionnel en Guinée s’achève jeudi 18 septembre, à 23h59. « À partir de cette date, relève Ledjely à Conakry, toute activité de propagande est strictement interdite sur l’ensemble du territoire national : meetings, caravanes, affichages, communications audiovisuelles ou numériques, ainsi que tout signe extérieur de soutien ou d’opposition au projet de Constitution. (…) La Direction générale des élections (DGE), réaffirme son engagement à organiser un scrutin "transparent, inclusif et crédible", et appelle l’ensemble des acteurs et citoyens guinéens à contribuer à la réussite de ce rendez-vous électoral historique. »

Appel au boycott

Le principal opposant Cellou Dalein Diallo, dit « non » : « Depuis son exil, rapporte Afrik.com, l’ancien Premier ministre estime que ce scrutin n’est rien d’autre qu’un "paravent constitutionnel" destiné à prolonger le règne du général Mamadi Doumbouya. (…) Le leader de l’Union des Forces démocratiques de Guinée demande donc à ses militants et sympathisants de rester chez eux dimanche. "Même si vous votez non, votre vote sera compté comme un oui", martèle-t-il, dénonçant une "mascarade" et un "parjure" politique. Son mot d’ordre : ne pas cautionner par la participation un scrutin qu’il juge illégitime. »

Pour sa part, rapporte encore Afrik.com, « face aux critiques, le gouvernement reste droit dans ses bottes. Son porte-parole, Ousmane Gaoual Diallo, assure que le référendum ouvre la voie au retour à la normalité constitutionnelle. À ses yeux, l’opposant n’apporte aucune alternative crédible au peuple guinéen. Le bras de fer reste donc entier, pointe le site panafricain. Entre un pouvoir déterminé à valider sa nouvelle constitution et un opposant qui mise sur le boycott pour délégitimer le scrutin, les électeurs guinéens devront trancher dimanche… en choisissant d’aller voter ou de rester chez eux. »

« Désert démocratique »

Alors quel impact aura cet appel au boycott ? Quelle participation dimanche à ce référendum constitutionnel ? Aujourd’hui, au Burkina Faso voisin, s’interroge : « la voix de l’opposant qui retentit dans le silence ambiant des anti-nouvelle constitution, a le mérite d’être constante, déterminée, mais sera-t-elle entendue et surtout efficace ? Ne revient-on pas au même résultat, sauf peut-être à épargner aux uns et aux autres de se fatiguer pour se rendre dans les bureaux de vote ? (…) Si le "oui" l’emporte, ce qui devrait être le cas quoi qu’on dise, ce sera déjà le premier marchepied vers une élection du général-président Mamadi Doumbouya dont la candidature, à moins d’un cataclysme politique, ne fait plus de doute. »

« Quand Cellou Dalein Diallo pêche dans un désert démocratique », s’exclame L’Observateur Paalga, toujours à Ouagadougou. En effet, « une chose est sûre, pointe le journal, quel que soit le taux de participation au scrutin à venir, la nouvelle Constitution passera comme une lettre à la poste, ouvrant ainsi un boulevard au "colosse de Conakry", pour légitimer plus tard son pouvoir. »

D’autant, insiste L’Observateur Paalga, « quand on connaît la chape de plomb à laquelle sont confrontés les Guinéens actuellement : musellement des médias, enlèvement d’activistes de la société civile, répression d’opposants et suppression de partis politiques. C’est dans ce climat de terreur que se déroule la campagne où les partisans du oui sont les seuls visibles sur le terrain. »

Une image écornée à l’international

Sur place, en Guinée, les médias marchent sur des œufs. Pas de commentaires défavorables au projet de nouvelle constitution. À noter cependant cet article à lire sur le site Guinée 360, plutôt critique envers le pouvoir en place. Son titre : « trafic, corruption, cybercriminalité, libertés en recul : l’image de la Guinée écornée à l’international » : « alors que les autorités de transition se félicitent des performances économiques et d’un "retour de la confiance", plusieurs rapports publiés en cette année 2025 dressent un tableau beaucoup moins flatteur de la Guinée sur la scène internationale (…). Le pays figure parmi les moins bien classés dans la plupart des évaluations. »

Et Guinée 360 de citer, à chaque fois avec des sources précises, les libertés publiques en recul, le problème du trafic de cocaïne, la cybercriminalité, l’opacité de la dette, la corruption persistante ou encore la mauvaise régulation du secteur de l’électricité.

« Une exception positive », toutefois, pointe Guinée 360 : « le rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale prévoit pour la Guinée une croissance exceptionnelle de 11,3 % cette année, l’une des plus fortes d’Afrique subsaharienne. Le pays devrait maintenir cette dynamique à moyen terme, soutenue par l’exploitation minière et la relative stabilité budgétaire. »

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