À la Une: va-t-on vers une autonomie de la Corse ?
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« Le dialogue est amorcé », titre Corse-Matin. Dialogue entre l’Etat, représenté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui est à Ajaccio depuis hier, et la collectivité de Corse, et son président, Gilles Simeoni. Les discussions sont donc ouvertes avec en ligne de mire l’autonomie de l’Ile de Beauté.
« Après dix jours de heurts entre une jeunesse réclamant 'justice et vérité' pour Yvan Colonna, érigé en martyr après son agression en détention, et les forces de l’ordre, un palais de justice et un centre des impôts en partie incendiés, des scènes insurrectionnelles dans les rues de Bastia, Gérald Darmanin joue les équilibristes », pointe Libération. « A l’issue d’un huis-clos avec les élus, le ministre de l’Intérieur a proposé hier soir 'un processus de discussion' vers l’autonomie et que, d’ici fin 2022, 'une accélération du calendrier'. »
Revirement…
Objectif, donc, pointe Libération : une possible autonomie, un statut à la polynésienne. Toutefois, tempère le journal, « à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, alors qu’un tribunal a été incendié et que de nombreux membres des forces de l’ordre ont été blessés, la proposition gouvernementale laisse perplexe. Sa précipitation à ouvrir ce chantier complexe contraste avec le désintérêt manifesté par le chef de l’Etat pour le dossier corse depuis cinq ans. Désintérêt ou absence de cap ?, s’interroge Libération. 'Penser que le cœur de la bataille, la mère des batailles c’est d’aller négocier de nouvelles évolutions institutionnelles' est une erreur, avait déclaré Emmanuel Macron sur l’île en 2018. Il improvise aujourd’hui un revirement. Pas très sérieux, estime encore Libération qui s’interroge. Est-ce une option de discussion sincère ? Les Corses sauront en tout cas s’en rappeler le moment venu. »
« La sourde oreille est devenue main tendue »
« Depuis cinq ans, le président s’était bien gardé de mettre le doigt dans l’engrenage », renchérit Le Parisien. Le Parisien qui rappelle que « la Corse n’a jamais porté chance aux hommes politiques français qui se piquent de vouloir répondre à ses aspirations autonomistes. » Mais cette fois, le processus semble désormais enclenché…
En effet, pointe La Charente Libre, « la sourde oreille est devenue main tendue. (…) Utiliser le mot 'autonomie' engage un aller sans retour. Cela ne se fera pas avant plusieurs mois ou années. Déjà pour s’accorder sur quelle(s) forme(s) d’autonomie: elle donne a minima des compétences et des pouvoirs élargis, jusqu’à la possibilité d’un référendum pour modifier la Constitution. Sans oublier que l’autonomie est souvent le marchepied vers l’indépendance, relève encore La Charente Libre. L’exemple polynésien avancé par Gerald Darmanin reste vague et surtout difficilement applicable en l’état aux spécificités corses. Reste ce mot historique lâché à trois semaines de la présidentielle. Il ouvre la voie à une nouvelle ère pour la Corse. »
Fébrilité et légèreté de l’Etat ?
Le Figaro pour sa part dénonce la « fébrilité » et la « légèreté » de l’Etat. « Légèreté qui autorise à proposer le bouleversement de l’intégrité du territoire entre deux promesses de campagne. Le 'bon débarras' que l’on entend, mezza voce, chez ceux qui confondent la Corse et sa caricature couronne cette défaite de la volonté. Si la Corse dérive, conclut Le Figaro, c’est que la France se disloque. »
En tout cas, analyse La Provence, « rarement, sous la Ve République, campagne présidentielle n’aura donné autant l’impression d’être comme happée par l’actualité et de se dérouler dans un contexte de crises de la guerre en Ukraine, en passant par les questions de pouvoir d’achat et à présent la Corse. Ce qui oblige les candidats à être dans la réactivité permanente face au président sortant qui, fort de son statut de favori dans les sondages, garde la main et impose son tempo. »
Pouvoir d’achat : taxer les pétroliers !
La question du pouvoir d’achat justement, avec cette injonction du quotidien Le Monde : il faut « mettre à contribution les pétroliers. »
En effet, précise Le Monde, « les pétroliers sont les rentiers d’un contexte exceptionnellement porteur sans qu’ils y soient pour grand-chose. Les mettre à contribution n’aurait rien d’indécent. L’année dernière, Total a dégagé plus de 13,5 milliards d’euros de bénéfices. En ponctionner une fraction contribuerait à partager les efforts avec les consommateurs et les contribuables, sans que son modèle économique en souffre. Il n’y a aucune raison que de telles entreprises soient au sommet de leur prospérité quand la situation réclame des sacrifices aux moins aisés et à de nombreuses entreprises qui voient leurs coûts de production exploser. » Et « au-delà d’une contribution de court terme visant à faire baisser les prix du carburant, il est urgent aussi, souligne encore Le Monde, d’allouer une partie de la rente pétrolière à l’accélération de la transition énergétique. »
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