À la Une: Salman Rushdie poignardé
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L’auteur des Versets sataniques passé au fil de l’épée de Damoclès ? Pour l’heure, pas de certitude sur les motivations de son agresseur, Salman Rushdie étant toujours hospitalisé, sous assistance respiratoire, après avoir été lardé de coups de couteau, hier en fin de matinée, alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence sur une scène de l’État de New York. Blessé au cou comme à l’abdomen par son agresseur – qui a aussitôt été interpellé – Salman Rushdie a d’abord reçu des premiers soins sur place avant d’être transféré par hélicoptère dans un hôpital des environs.
Alors ? Alors inévitablement, en France comme à l’étranger, à l’instar, par exemple, du quotidien sénégalais 24 Heures, la presse, sans délai, a hissé en Une cette agression qui réveille les fantômes du passé. C’est le cas du journal Le Parisien. Depuis que l’ayatollah Khomeini, il y a trente-trois ans, avait lancé une fatwa contre lui, « c’est-à-dire son décret religieux dans lequel il appelle tous les musulmans à le tuer » pour avoir écrit un roman, Les Versets sataniques, jugé blasphématoire par le fondateur de la révolution iranienne, « il se savait menacé », soupire ce quotidien. Lequel journal rappelle que Salman Rushdie est « un symbole de la liberté d’expression ».
L’agression au couteau contre Salman Rushdie, c’est « une affaire qui nous concerne », enchérit Le Parisien, en rappelant qu’en France, depuis la Révolution, et surtout depuis 1881, le blasphème est licite. Toutefois, complète ce quotidien, « la question divise aujourd’hui la société française. La dernière polémique en date concerne l’affaire Mila en 2020. Cette jeune fille est visée par des menaces de mort après avoir critiqué l’islam. Elle vit recluse. Une situation inacceptable. L’exemple de Salman Rushdie (…) a de quoi la faire frémir ».
Apportez-moi la tête de Salman Rushdie
La fatwa de 1989 contre Salman Rushdie… Même si, pour l’heure, les motivations de l’agresseur ne sont pas encore connues, la presse française ne manque pas de faire le lien entre ce décret religieux et l’agression au couteau de l’écrivain hier. Comme le formule le site du Figaro en évoquant Salman Rushdie, « l'imam Khomeini en avait fait sa bête noire. Un hérétique à abattre à tout prix ».
À l’époque, rappelle ce journal, sa fatwa « enflamme la situation. À Téhéran, les mollahs chiites au pouvoir depuis le renversement du Chah 10 ans plus tôt veulent imposer leur voix en terre d'islam et sur la scène internationale. En sus des menaces, une juteuse récompense de 3 millions de dollars est promise à quiconque exécuterait l'ordre de l'ayatollah au turban noir. À travers le monde, le message fait boule de neige, encourageant certains fanatiques zélés à agir "au nom d'Allah". En témoigne la tentative d'assassinat, en juillet 1991, de son traducteur italien, Ettore Capriolo, qui survécut à ses blessures. Son interprète japonais, tué de plusieurs coups de poignards, n'eut pas sa chance. Ni les 37 personnes qui, deux ans plus tard, périrent en Turquie dans l'incendie visant l'hôtel où séjournait Aziz Nesim, le traducteur des Versets en langue turque. La même année, l'éditeur norvégien du livre est à son tour grièvement blessé de trois balles dans le dos ».
Le fugitif
Quant à Salman Rushdie, sa vie, depuis, ne sera plus jamais comme avant. « Fugitif malgré lui, escorté de gardes du corps, il change 56 fois de domicile les six premiers mois suivant la condamnation (…). En 1998, quelques signes encourageants arrivent de Téhéran. Nouvellement élu, le président réformateur Mohammad Khatami s'engage à ce que l'Iran n'applique pas le décret (…). Pourtant, l'épée de Damoclès n'est jamais bien loin. En 2005, le guide suprême, Ali Khamenei (successeur de Khomeini, après sa mort en juin 1989), réaffirme haut et fort que tuer Salman Rushdie reste autorisé par l'islam. Onze ans plus tard, en 2016, le romancier fait cette fois-ci les frais des tensions politiques internes au régime iranien lorsque des médias ultraconservateurs décident d'ajouter 500 000 dollars à la prime offerte pour sa tête », rappelle encore le site du Figaro.
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