À la Une: 49-3… ça n’est qu’un début…
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« Cinq minutes de discours pour mettre un terme à sept jours de discussions. En s’avançant à la tribune de l’Assemblée nationale, hier à 17 h 39, relate Le Monde, la Première ministre, Elisabeth Borne, vient d’acter la fin d’un faux suspens dans un Hémicycle bondé. 'J’engage la responsabilité de mon gouvernement pour la première partie du projet de loi de finances', annonce sobrement la locataire de Matignon. Dépourvue de majorité absolue, Mme Borne vient de déclencher le premier 49-3 de cette XVIe législature. »
Et ça ne sera pas le dernier, pointe Le Monde : « la scénographie qui s’est jouée hier au Palais-Bourbon n’est pas seulement la démonstration d’un dialogue de sourd entre l’exécutif et les oppositions mais un scénario qui va être amené à se répéter au moins une dizaine de fois dans le cadre des discussions budgétaires, où l’usage du 49-3 est en principe illimité. (…) Faisant fi des critiques, l’exécutif a ouvert la voie, hier, à un 49-3 imminent sur l’autre budget, celui de la 'Sécu' augurant une longue période d’instabilité à l’Assemblée nationale. »
Faiblesse…
Et la presse de gauche est à l’unisson ce matin. « 49-3 : avis de faiblesse », titre Libération en première page. Pour L’Humanité, c’est « 49-3 : l’aveu de faiblesse »
L’Humanité qui dénonce un « passage en force » de l’exécutif, faute de majorité absolue au parlement. Un exécutif « qui a fait son tri sélectif, jetant à la poubelle les amendements pour plus de justice fiscale. Pas touche aux impôts et profits des plus aisés, mais haro sur les chômeurs et les grévistes : voilà qui résume la rentrée politique du gouvernement. »
En effet, estime Libération, « quoiqu’en dise Elisabeth Borne, le dialogue avec les oppositions n’a été qu’une farce, les amendements retenus par le gouvernement ne modifiant qu’à la marge la copie initiale du budget. Rien de conséquent n’a été retenu parmi les propositions des oppositions, ni même parmi celles issues de sa propre majorité, notamment sur la taxation des dividendes. Cette stratégie de la sourde oreille, sous le parapluie du 49-3, n’augure rien de bon sur l’attitude de la majorité sur les futurs projets de lois qui seront débattus à l’Assemblée. C’est d’autant plus risqué, pointe encore Libération, que la discussion budgétaire a démontré que le pouvoir était non seulement assis sur une majorité relative, mais sur une majorité relative dont le ciment donne déjà l’impression de se craqueler. »
Pas le choix… une façon de gouverner anachronique ?
Le Figaro s’interroge : « est-ce l’exécutif qui va être accusé d’être expéditif et de mépriser le Parlement ? Ou les oppositions qui vont se voir reprocher leur refus du compromis ? Voilà ce qui était en jeu. Et c’est pour cela qu’Élisabeth Borne a souhaité laisser les débats se dérouler durant une bonne semaine. Ainsi, poursuit Le Figaro, elle a pu dire en substance hier : nous voulions le dialogue, nous étions prêts à des compromis, nous avons laissé toute sa chance au débat ; ce sont les oppositions qui n’ont pas voulu saisir les mains que nous leur tendions ; ce 49-3, nous ne le voulions pas, mais, in fine, nous n’avons pas eu d’autre choix. »
Le Midi Libre s’inquiète : « ce passage en force va naturellement détourner un peu plus les citoyens de la politique. Il annule tout débat et les décourage de s’impliquer dans la 'chose publique'. D’autant que ce mode opératoire risque de se répéter dans quelques mois pour la réforme des retraites. Cela n’est pas digne d’une démocratie moderne, estime Le Midi Libre. Il serait donc temps de changer, une bonne fois pour toute, cette façon de gouverner totalement anachronique. »
Les Ehpad encore dans le collimateur
Enfin, à lire dans Le Parisien, la gestion des maisons de retraites une nouvelle fois dénoncée : « Ehpad : le nouveau rapport qui accuse », titre le journal. « Une enquête de la répression des fraudes (menée depuis ces trois dernières années) révèle qu’une maison de retraite sur deux utilise des pratiques commerciales trompeuses et des clauses abusives. Un bilan glaçant quelques mois après le scandale Orpea. »
Commentaire du Parisien : « alors que la population des plus de 85 ans pourrait dépasser les 4 millions de personnes en 2050, il devient urgent d’être plus vigilant sur le fonctionnement des Ehpad privés, qui sont aujourd’hui des placements financiers comme les autres. » Et pourquoi pas arriver à « des modèles qui rendraient le maintien à domicile rentable et même profitable, en faisant du temps consacré par les aidants familiaux à leurs proches un investissement en or. Pourquoi ne pas leur accorder un bonus fiscal, ou encore des trimestres de retraites à moitié prix… »
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