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À la Une: la réforme des retraites, gouvernement et syndicats toujours dos à dos

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Vue de la manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 11 février 2023.
Vue de la manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 11 février 2023. © AP/Michel Euler
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« C’est une mise en garde voire un ultimatum, relève La Croix. Les syndicats menacent de "durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars", si l’exécutif et le Parlement "restent sourds à la contestation populaire" contre la réforme des retraites. À l’occasion de la prochaine journée de mobilisation, jeudi, les huit dirigeants de l’intersyndicale ont prévu de manifester ensemble à Albi, pour afficher leur unité. Sur les terres historiques de Jean Jaurès, la préfecture du Tarn est symbolique de ces villes moyennes à la pointe de la contestation. […] De fait, relève La Croix, les syndicats font le pari d’enjamber la discussion du texte à l’Assemblée nationale, qui s’enlise dans l’obstruction, et se projettent déjà sur son examen au Sénat, programmé du 2 au 12 mars. L’exécutif espère que ce calendrier engendrera un essoufflement du mouvement social. Les syndicats y voient au contraire un moyen d’entretenir la flamme des opposants, tout en haussant le niveau de la menace. »

Climat de violence à l’Assemblée

En attendant, « pagaille à l’Assemblée, un spectacle affligeant », déplore Le Parisien. « Après la polémique déclenchée par le député LFI Thomas Portes, piétinant un ballon à l’effigie du ministre du Travail, l’inquiétude grandit sur le climat de violence dans l’hémicycle où le débat sur la réforme des retraites reprend ce lundi. »

Le Parisien qui s’insurge : « Certes, l’Assemblée nationale n’a jamais été un havre discret et les débats y ont toujours fait rage. C’est même le poumon de la démocratie, quand chacun confronte ses idées avec force ou vigueur. Mais désormais, comme le souligne l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, on a régulièrement "la vulgarité sans le talent". Or, le Parlement n’est pas un cirque, c’est un sanctuaire, s’exclame le journal. On n’y piétine pas les symboles, on ne se vautre pas dans l’immonde, on mesure ses paroles, on tient son rang et on s’interdit toute offense à l’intelligence. Une écharpe tricolore dit beaucoup de choses et symbolise de précieuses valeurs. Elle est universelle et représente chaque Français. Alors oui, cela oblige. »

Vers une adoption du texte… ou bien ?

Pour Le Figaro, les dés sont jetés. Malgré les oppositions, la réforme passera. « Emmanuel Macron et Élisabeth Borne conservent dans leurs jeux suffisamment de cartes pour que soit adoptée, avec ou sans 49.3, la réforme des retraites. »

Mais cette bataille montre surtout « qu’Emmanuel Macron a perdu sa gauche », affirme Le Figaro. Le divorce est définitivement consommé. L’événement dynamite le " en même temps" pour entraîner (malgré lui ?) Emmanuel Macron sur sa droite ».

Que peut-il se passer maintenant : « Quelles options pour une sortie de crise ?, s’interroge Le Télégramme. Une adoption au parlement ? Pas impossible, affirme le journal. Tout pourrait se dénouer, après 15 jours d’examen au Sénat, lors d’une commission mixte paritaire. Loin du tumulte, sept sénateurs et sept députés seraient alors chargés de trouver un compromis rendant possible le vote du Parlement. »

Deuxième option : « Un passage en force ? » Avec le gouvernement qui passerait outre le Parlement et qui mettrait en œuvre les dispositions du projet par ordonnance ? « Assez improbable », estime Le Télégramme. Il y aurait un risque d’une nouvelle crise type Gilets jaunes.

Autre option : « Le retrait du texte… Pas à l’ordre du jour, pointe le journal, mais… » L’unité syndicale, inédite, et les mobilisations à venir pourraient faire plier le gouvernement.

Enfin, quatrième option, toujours d’après Le Télégramme, « pas à exclure » : le projet, s’il était finalement voté, pourrait être censuré par le Conseil constitutionnel. Les Sages pourraient en effet considérer que la loi, en tout ou partie, est contraire à la Constitution.

La porte restera-t-elle fermée ?

En tout cas, en attendant la suite des événements. « Dans le bras de fer à trois sur la retraite, l’exécutif a choisi sa stratégie, relèvent Les Échos : il s’adresse à l’Assemblée (notamment à LR, seul partenaire possible pour éviter un 49.3) ; il reste "respectueux" mais sourd face à la rue. Sous-entendu face aux syndicats avec qui il a discuté à l’automne. Or, s’interroge le quotidien économique, si ce n’est plus des syndicats qu’il s’agit mais de la France qui travaille, ferme-t-on de la même manière la porte ? La question émerge, inattendue. Et pour l’instant, c’est oui. »

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