À la Une: Macron face à la rue
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Plus d’un million de manifestants au total, selon le ministère de l'Intérieur, 3,5 millions selon le syndicat CGT, la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a largement fait le plein dans plus de 300 villes de France. « La République en masse », lance en Une Libération. « Loin de s’essouffler, les protestations semblent attirer un nouveau public, notamment de nombreux jeunes. Mais leur colère n’est plus dirigée uniquement contre cette réforme, qu’ils jugent injuste : c’est le président de la République qui est la cible des slogans et des pancartes », pointe en effet Libération, en soulignant « l’aversion qu’inspire aux manifestants la personnalité d’Emmanuel Macron ».
Selon ce quotidien, l’intervention du chef de l’État à la télévision « a aggravé le climat social, avec ses comparaisons douteuses et ses affirmations belliqueuses. Arrogance, suffisance, mépris, les manifestants mettent des mots différents sur leur ressenti, mais le résultat est le même : Macron est devenu un Démosthène à l’envers, un orateur qui galvanise la foule et la pousse à faire le contraire de ce qu’il demandait », estimeLibé.
Les Gaulois décidément réfractaires
Les fins de cortèges ayant été émaillées de violences urbaines jusque tard dans la nuit, le moins que l’on puisse dire est qu’à la télévision, Emmanuel Macron n’a pas convaincu les Français, qui semblent se résigner aux violences à venir.
Selon un sondage Odoxa publié par le Figaro, ce sont pas moins de 3 Français sur quatre (76% pour être plus précis) qui n’ont pas été convaincus par Emmanuel Macron. C’est cinq poins de plus que la même mesure prise par une autre enquête, réalisée à chaud par l’institut Elabe pour la chaîne de télévision BFMTV après l’intervention télévisée du chef de l’État.
Plus préoccupant encore, en effet, le sondage du Figaro indique que 83 % des Français s’attendent à ce que les violences et débordements s’aggravent dans les jours à venir, mais 70 % d’entre eux jugent le gouvernement coupable d’avoir provoqué cette situation. N’en jetez plus !
Splendide isolement
Résultat, Emmanuel Macron semble à présent « plus isolé que jamais », admet Le Figaro, il doit « résoudre, conjointement, une crise sociale qui s’installe et se durcit et une crise politique qui le désarme. Le problème est que la première pousse aux concessions aux forces syndicales […] tandis que la seconde ne peut se résoudre que par la composition d’une majorité », remarque ce journal. Lequel souligne qu’une telle composition « impose de convaincre un nombre suffisant de députés venus de la droite ». Seulement voilà, complète Le Figaro, « chaque initiative dans un sens doit immédiatement être contrebalancée dans le sens contraire : c’est l’immobilité perpétuelle. Le "en même temps" n’était pas une martingale, mais un piège. Il se referme sous nos yeux ».
Voilà ! Alors vous imaginez comment ce vrai squeeze politique décrypté par un quotidien conservateur tel que Le Figaro et dans lequel se retrouve le président, est perçu par un journal tel que L’Humanité. Pour le quotidien communiste, c’est simple, « les mots d’Emmanuel Macron lui sont revenus en boomerang. Mercredi, il dissertait […] sur la tendance de notre démocratie « à vouloir s’abstraire de la réalité » (À présent, il) devrait, au moins, avoir la lucidité de s’appliquer ses propres analyses. La "réalité", c’est lui qui ne veut pas la voir ». Et L’Huma de souligner le contraste « saisissant » entre, d’un côté, l’unité syndicale et l’opinion publique, de l’autre, « un Emmanuel Macron isolé […] Rêvant d’un pourrissement du mouvement […] Au bout d’un an de mandat à peine, le chef de l’État semble déjà en fin de règne », estime L’Humanité.
Grève du porte-plume aux Échos
Autre grève, dans la presse cette fois-ci, une grève des signatures au quotidien économique Les Échos. L’édition de ce vendredi est certes en kiosque, mais les confrères des Échos ont décidé de ne pas apposer leur signature au bas de leurs articles afin d’affirmer leur « détermination à faire respecter l’indépendance » de leur journal, après l’annonce du départ du directeur de la rédaction, la société des journalistes des Échos parlant « d’éviction » de Nicolas Barré des Échos.
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