À la Une: oui à l’aide active à mourir…
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Après quatre mois de débat, « les 184 membres tirés au sort de la Convention citoyenne sur la fin de vie ont publié un volumineux rapport qui sera présenté ce lundi à Emmanuel Macron, pointe Le Parisien. Au-delà de la volonté d’ouvrir la possibilité à l’aide active à mourir (euthanasie et suicide assisté, sous conditions), les citoyens préconisent des investissements massifs dans l’accompagnement des malades et les soins palliatifs. Reste désormais à savoir s’ils seront entendus ».
En effet, s’interroge Libération, « que va-t-il advenir des conclusions de cette convention citoyenne sur la fin de vie ? L’exécutif va-t-il les reprendre ? Sous quelle forme ? Ce type d’exercice est-il un marqueur d’une démocratie participative qui fonctionne ? »
Réponse du politologue Loïc Blondiaux : « Si cette convention citoyenne aboutit à une forme d’indifférence des parlementaires et du gouvernement, qui délégitimerait l’expérience qu’ils ont pourtant mise en place, je crains, affirme-t-il, que la frustration engendrée dans l’opinion publique et chez les citoyens impliqués soit tellement forte que cela ne remette en cause le recours possible à ce type de démarche. À l’inverse, si les parlementaires engagent une délibération à partir de cette contribution citoyenne, cela pourrait marquer le début de l’expérimentation d’un nouveau circuit de construction de la loi. Mais il faudrait clairement un renforcement de l’armature constitutionnelle. »
Sur un fil…
Alors, « le chef de l’État va devoir évoluer sur un fil, pointent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, parce que cette question touche, encore une fois, à l’intime, à la religion, à l’éthique et à la conscience de chacun, parce qu’elle divise, y compris et peut-être surtout au sein du personnel soignant, et aussi parce que l’exécutif sort éreinté de la séquence toujours en cours de la réforme des retraites. Emmanuel Macron ne peut pas refaire le coup de la Convention citoyenne pour le climat qu’il avait pareillement convoquée avant de la saborder pour ne faire que des déçus. Il ne peut pas non plus procrastiner, au risque de perdre tout bénéfice politique et enterrer ses dernières illusions de président réformateur. Et il ne peut pas davantage passer en force, il ne l’a que trop fait et ce débat exige plus que tout autre de la dignité et du tact, ce qui, dans le contexte actuel, est une gageure ».
Comment mettre en pratique « l’aide active à mourir » ?
En fait, précise Le Monde, « le plus gros écueil à surmonter pour Emmanuel Macron est celui de la mise en pratique de "l’aide active à mourir", expression qui recouvre tous les moyens d’accélérer la fin de vie, voulue par 76% des participants à la convention. Une grande partie des soignants est opposée à l’euthanasie, rappelle Le Monde. Donner la mort à un patient qui le demande est incompatible avec leur mission, disent-ils, de prodiguer des soins. Lors de la dernière campagne présidentielle, quelques médecins avaient fait savoir au candidat Macron qu’ils seraient prêts à accepter la légalisation du suicide assisté puisque dans ce cas le praticien n’effectue pas le geste létal. Les mêmes professionnels avaient fait la promotion du "modèle du suicide assisté" lancé en Oregon. Dans cet État des États-Unis, un malade dont le pronostic vital est engagé à six mois peut se voir prescrire un produit pour mettre fin à ses jours, à son domicile ».
Même avis pour « le Comité consultatif national d’éthique qui avait ouvert la voie à la légalisation du suicide assisté dans un avis rendu en septembre dernier. Les membres de la convention citoyenne ont des positions proches, pointe le journal. Le classement des dix-neuf "modèles d’aide active à mourir" qu’ils préconisent place en tête les deux scénarios qui prévoient l’accès au suicide comme règle générale et l’euthanasie comme exception ».
Une nouvelle loi ?
Enfin, pour Le Figaro, c’est sûr, la loi va être réécrite. « Il y a encore peu, Emmanuel Macron insistait sur la nécessité de ne pas se précipiter. Même la fin de l’année 2023 fixée initialement n’était pas une échéance pour lui. La machine législative va pourtant maintenant se mettre en route, assure le journal, et il n’est pas sûr que la volonté d’affichage politique ne l’emporte pas sur le souci d’équilibre exprimé par la convention citoyenne. Le climat de contestation de la réforme des retraites a-t-il pesé ? Si Macron assure ne pas chercher un succès sociétal facile pour se sortir d’un bourbier social, il est malgré tout tentant pour le chef de l’État, pointe Le Figaro, de satisfaire 75% des Français quand il en mécontente 75% aussi en tenant bon sur les retraites. »
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