À la Une… ciel gris sur une intersyndicale unie
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Pour les manifestations du 1er mai, 2 millions 300.000 personnes ont défilé en France d’après la CGT, 800.000 selon l’Intérieur. À Paris, les syndicats ont choisi de chanter sous la pluie… Libération décrit une « énorme averse » sur le cortège, un « tonitruant coup de tonnerre » - aussi retentissant, peut-être, que les bruits des « quelques casseroles » croisées par le journal.
Dans la guerre des chiffres, chacun parle depuis sa tranchée, entre un Libé qui se félicite d’une mobilisation « dix fois plus forte que l’année dernière » là où Le Figaro estime que « le raz de marée espéré des syndicats n'a pas eu lieu » malgré un rendez-vous « bien au-delà d’une fête du Travail classique ». Après des mois de contestation, et deux semaines sans manifestations, la cocotte de la colère était en tout cas prête à déborder, ne suffisait plus que le couvercle policier… particulièrement épais ce lundi.
« Cinq mille policiers et gendarmes étaient déployés à Paris », rappelle Le Monde, face à « une épaisse cohorte de black blocs ». Bilan : des affrontements, dans plusieurs grandes villes de France, dont la capitale. Y régnait en fin de journée une tension lourde... et une odeur chargée : celle « des lacrymogènes [mêlés] aux baraques à frites et [aux] merguez ».
Les violences relevées par toute la presse
Et là encore, chacun choisit son camp. Pour Le Figaro, c’est bien des « casseurs » que sont venues les « intenses confrontations » : le plus vieux quotidien français évoque « une contestation d’extrême gauche » qui a « instantanément cherché à en découdre avec les forces de l’ordre », à Nantes dans l’Ouest, mais aussi à Paris. Le quotidien s'emporte : des « ultras encagoulés » n’attendaient qu’une seule chose : « harceler les forces de l’ordre », dans une « véritable bataille rangée aux allures de convergence des luttes où, écrit encore Le Figaro, se mêlaient (…) tous types de factieux pétris de haine de la police. »
L’Humanité reconnaît aussi les violences (108 membres des forces de l’ordre ont été blessés, on ne connaît pas les chiffres côté manifestants), mais considère toutefois que « si les idiots utiles et violents du pouvoir, en noir et cagoulés, ont pu offrir aux caméras des images propres à tourner en boucle, cela ne peut occulter la réalité » ; celle d’une mobilisation au-delà de ce que le gouvernement lui-même avait anticipé.
Reste une question : et après ?
« Parlement bloqué, opinion à vif, corps intermédiaires rétifs… les cortèges auront beau s’étioler avec l’été, l’adversité s’est installée » assène Le Figaro qui ne voit plus que pour « l’État impuissant » la possibilité de « miser sur l’affaiblissement de ses opposants. »
Un État impuissant, peut-être pas… mais « l’image » d’un président « d’une grande fébrilité », cela oui, pour Le Monde qui rappelle cet « arrêté antisifflets », « les arrêtés anticasseroles » autour d'Emmanuel Macron, l’autorisation « de l’usage de drones dans 6 villes de France » … une véritable « tentation sécuritaire » écrit le journal centriste, « à la limite de la légalité » selon un chercheur interrogé.
L’état des droits humains questionnés
Les Nations unies s’inquiètent de la situation en France. L’organisation a critiqué ce lundi la situation dans le pays, des discriminations contre les migrants aux violences policières. Alors, dans les colonnes de Libération, le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme prévient : « L’État a souvent tendance à vouloir étendre son pouvoir, c’est pourquoi il faut des contre-pouvoirs pour le contenir. » Fort de 65 ans d’expérience, Henri Leclerc nuance… « ‘nul ne conteste que (…) l’agression des forces de police [est] répréhensible et [qu’elles] doivent pouvoir se défendre si [elles] sont attaqué[e]s’ ».
Les gaz lacrymogènes en question
Après une journée à l’odeur âcre de la rancœur et des lacrymogènes, La Croix s’interroge : quelles conséquences ont-ils sur la santé ? Les effets immédiats sont bien connus... « sensation de brûlure, larmoiements, respiration difficile », décrit le journal. Mais au-delà de ça, un nuage de fumée entoure toujours l’impact à long terme de ces outils utilisés « de manière quasi systématique ». Pourtant, écrit le quotidien, « les molécules présentes dans le gaz lacrymogène » sont transformées par le corps humain « en molécules de cyanure. » Et même si « personne ne meurt immédiatement" comme le concède un chercheur interrogé, « sur le long terme, les conséquences n’ont pas été étudiées. » Brûlure des terminaisons nerveuses, « inflammation des poumons », et même un possible « ‘effet important sur le système nerveux (…) pouvant aller jusqu’à la dégénérescence de certaines régions du cerveau’. » Mais La Croix rappelle ces propos catégoriques du ministère de l'Intérieur : le gaz lacrymogène n’est irritant que « localement » et « temporairement » et « n’est pas dangereux pour la santé. »
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