À la Une: à l’assurance retraite, les employés ne font pas de vieux os
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Réduction d’effectifs et accélération de la cadence, recours aux emplois précaires et « déni de la direction » : c’est la situation décrite par Politis. L’hebdo indépendant a enquêté sur les conditions de travail au sein de la branche « retraite » de la sécurité sociale, et pose son diagnostic : les agents sont en « burn out généralisé. » La faute, analyse Politis, à deux facteurs majeurs.
D’abord, la diminution du nombre d’employés. Une expertise indépendante, réclamée par les syndicats et reprise par le magazine, estime ainsi qu’il faut une augmentation « substantielle, rapide et pérenne » des effectifs, sans quoi leur « fatigue généralisée » voire parfois leur « épuisement (...) pourrait constituer un risque majeur pour la santé des salariés pouvant conduire à des situations extrêmes ».
Deuxième facteur : « une demande toujours plus soutenue de productivité », véritable « course aux objectifs quantitatifs au mépris de la qualité », écrit Politis. Conclusion : de la pression, un rythme infernal, mais aussi un mal-être pour les salariés, obligés de « liquider » leurs tâches malgré leur mission de service public.
Une simplification qui n’en a que le nom
À tout cela, il faut ajouter de nouveaux outils censés simplifier la vie des agents. Des outils « révolutionnaires » même. En fait, des logiciels qui présentent encore de nombreuses failles techniques, plusieurs années après leur lancement. Et, raconte Politis, « personne n’est capable de dire quand ces instruments fonctionneront enfin normalement. » La réalité décrite par une salariée interrogée ? « On nous a vendu un outil extraordinaire, on a vu nos caisses se vider de leurs employés, puis on a reçu des [logiciels] avec lesquels on met trois fois plus de temps à liquider » les demandes.
Le constat est le même dans L’Express qui pointe le « burn out bureaucratique » au sein des services publics. Maires de communes rurales, infirmiers, policiers, tous le martèlent : « l’accumulation des tâches administratives pourrit leur quotidien. » « On continue à simplifier… sans rien simplifier du tout », assène encore L’Express. De formulaires à remplir en « objectifs chiffrés » multipliés par l’administration, pour « mieux contrôler la productivité de la puissance publique », les agents finissent par passer « des heures » dans la paperasse.
Et cela a des conséquences sur le pays tout entier. Un politologue interrogé par L’Express estime ainsi que « le fait que [l’administration] soit profondément atteinte de la maladie bureaucratique fait peser sur toute la société le poids d’un boulet. » Illustration mise en avant par Politis : la réforme des retraites, autant voulue par l’exécutif qu’elle est décriée, pourrait bien ne pas être appliquée dans les délais. « Vrai casse-tête », « délirant », « énorme défi » : tous les interlocuteurs rencontrés à la sécurité sociale sont unanimes. Au point que l’hebdo entrevoit un potentiel mouvement social dont il se félicite. Ce serait, se plait-il à imaginer, « un caillou dans la chaussure du gouvernement que personne, ou presque, n’avait pressenti. »
La droite dans le Journal du Dimanche
Trois ténors de la droite s’emparent de l’hebdo pour aborder un sujet devenu la marotte de leur camp politique : l’immigration. Une thématique sur laquelle l’exécutif a promis un important projet de loi qui sera complété par « deux textes » déposés dans les jours à venir, annonce le JDD. Le journal ne cache pas sa joie : « divine surprise », que « ce projet audacieux et musclé pour lutter contre les immigrations. » Face à un gouvernement qui lui semble « perdu, amorphe et sans ressort », le JDD voit dans ce sursaut réactionnaire l’autorisation de rêver « à des lendemains qui chantent », loin, veut-il croire, d’un débat « polarisé. »
Sauf que comme le rappelle L’Humanité Magazine, l’opinion est déjà gravement fracturée. Après la démission du maire de Saint-Brévin, poussé vers la sortie par les menaces de « nervis d’extrême droite » qui « ne digèrent pas qu’un centre d’accueil de migrants soit déplacé près d’une école », l’hebdo s’insurge que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin puisse ignorer « la violence d’extrême-droite qui s’abat sur ses édiles » et qu'il continue de poursuivre « les "éco terroristes" et les "islamo gauchistes", comme Don Quichotte les moulins à vent. »
Également à la Une, l’intelligence artificielle
Avocats, médecins, mathématiciens ou traducteurs : autant de secteurs menacés par l’IA selon Le Point, qui s’inquiète d’un « basculement du monde » : « rien ne sera plus comme avant », s’angoisse l’hebdo qui voit déjà « un ouragan civilisationnel » qui « menace de bouleverser la pratique de centaines de métiers », « l’économie », et même « la définition du monde. » Bref, une nouveauté technologique « aussi importante, voire plus, que l’invention d’internet. »
Le sexe changé aussi par l’IA
Mise en garde formulée par L’Express qui alerte sur un phénomène en pleine expansion grâce à, ou plutôt à cause de, l’IA : les deep-fake pornographiques. En clair, des visages de vraies personnes sont incrustés sur des scènes sexuelles créées de toutes pièces. L’IA « invente des carrières de star du X à des femmes bien réelles », s’alarme le magazine. Car ce sont elles qui sont en première ligne : « 90% des deepfakes mis en ligne [en 2021] étaient de faux clips sexuels non consentis et plus de 90% de ceux-ci représentaient des femmes », apprend-on dans les pages de L’Express. Non consentis, car les femmes représentées n’ont pas accepté que leur image soit utilisée de cette manière. Une véritable « violence », rappelle le magazine, en raison « du dommage réputationnel évident », mais surtout « du message que [ces vidéos] envoient. » Une experte explique ainsi que « derrière un deepfake pornographique fait sans le consentement de la personne, il y a l’idée de commettre virtuellement une agression sexuelle. »
Un cadre de Google essaie de rassurer dans les colonnes du Point : tout est dans l’encadrement, et l’IA a « un immense potentiel pour apporter des changements significatifs et positifs. » À condition, dit-il, d’être « audacieux et responsable. » Pour l’audace, c’est réussi. Quant à la responsabilité, elle est semble-t-il comme l’intelligence artificielle : encore en développement.
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