À la Une: les préparatifs de la reconquête ukrainienne
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« Quand la contre-offensive ukrainienne sera-t-elle lancée ? », s’interroge Le Monde. « À quel moment les troupes de Kiev s’estimeront-elles prêtes pour partir à l’assaut de la ligne de front ? Depuis la fin de l’hiver, les analystes militaires scrutent les moindres événements pour tenter de voir clair dans la stratégie élaborée par l’état-major ukrainien, qui réussit depuis plus d’un an à maintenir le secret sur ses opérations. (…) Seule certitude, pointe Le Monde, les Ukrainiens préparent activement le terrain pour leurs opérations. Depuis plusieurs semaines, les frappes sur les dispositifs logistiques russes se multiplient, notamment dans la profondeur, c’est-à-dire sur les zones les plus en arrière du front. Chaque jour et chaque nuit, des dépôts de carburant et de munitions, des nœuds ferroviaires, des infrastructures de télécommunications, des postes de commandement ou encore des cantonnements de soldats sont visés par des obus, des roquettes ou des drones ukrainiens, dans les territoires occupés, mais aussi sur le sol russe. »
Et « selon les analystes, relève encore le quotidien du soir, c’est à cette aune qu’il faut analyser l’opération d’infiltration ukrainienne menée avant-hier, lors de laquelle une colonne de blindés a détruit un poste-frontière près de Belgorod, avant de pénétrer en territoire russe sur plusieurs kilomètres. "En agissant ainsi, les Ukrainiens forcent les Russes à choisir où envoyer des renforts, sachant qu’ils ne peuvent pas le faire partout" », estime un analyste militaire interrogé par le journal.
« Risques immenses » ?
En effet, précise La Croix, « les experts militaires soulignent la dimension à la fois tactique et psychologique de ces attaques : elles fixent des troupes loin des lignes de front et font apparaître au grand jour les fragilités de la défense russe. Mais l’opération met surtout en lumière les risques immenses de la prochaine étape de la guerre, relève le quotidien catholique. Ce n’est pas la première fois que la Russie est défiée dans des zones qu’elle contrôle. On se souvient de la destruction partielle du pont de Crimée et, plus récemment, des mystérieuses attaques de drones aux abords du Kremlin. Chaque fois, ces actions sont exploitées par Vladimir Poutine pour justifier l’invasion de l’Ukraine et remobiliser sa population. Les propagandistes du régime ne se priveront pas d’utiliser l’intrusion de ce début de semaine, d’autant, remarque La Croix, que l’un des groupes apparemment impliqués est dirigé par une figure du hooliganisme ouvertement néonazie. Ces événements, pour l’heure isolés, donnent une idée de l’instabilité dans laquelle l’Europe s’apprête à replonger le jour où la contre-offensive surviendra. »
Alliance hétéroclite…
« Ces Russes qui font la guerre à Poutine », s’exclame pour sa part Le Figaro en première page. « Cette spectaculaire opération a été revendiquée par deux groupes armés russes, précise le journal, qui, fondés il y a un an pour défendre l’Ukraine et renverser le pouvoir de Vladimir Poutine, s’abstenaient jusqu’à présent de collaborer en raison de leurs divergences idéologiques. » Le premier de ces groupes, c’est « la légion Svoboda Rossii (Liberté de la Russie), composée de quatre bataillons, qui regroupe environ un millier d’hommes venus de divers bords politiques et qui met en avant la défense des libertés et le respect des frontières de 1991. »
Et puis, il y a « le Corps des volontaires russes, le groupe RDK, inspiré (en effet) par des valeurs nationalistes et suprémacistes, qui milite de son côté pour une Russie ethniquement homogène et suggère que les républiques fédérées qui le souhaitent, en particulier dans le Caucase, reprennent leur liberté. »
« Une alliance hétéroclite de néonazis et d’opposants démocratiques que tout oppose, relève pour sa part Le Parisien, sauf la haine du régime de Poutine. » Une alliance qui « n’entend pas céder un pouce de terrain aux forces déployées par Moscou pour les repousser. "La guerre continuera jusqu’à ce que le corps pendu de Poutine orne les murs du Kremlin", a prévenu le RDK. »
La stratégie des mille piqûres
En tout cas, analyse Le Figaro, cet épisode inédit « montre la capacité de distraction et de surprise que peut exploiter Kiev à l’heure de la contre-offensive annoncée. Il envoie le signal que tout est possible, y compris une extension du conflit. Non dans un projet fantasmé d’invasion de la Russie, mais dans une stratégie des mille piqûres visant à affoler l’ours du Kremlin. Dans cette guerre où l’on n’a pas encore tout vu, les Ukrainiens viennent de dégainer une nouvelle arme - russe. » Et Le Figaro de s’interroger : « que réservent-ils demain à l’imprudent envahisseur ? »
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