Revue de presse internationale

À la Une: les défilés de la Victoire

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Le ministre de la Défense Sergei Shoigu et le chef des forces terrestres russes, Oleg Salyukov, lors de la parade militaire du 9 mai 2022 à Moscou.
Le ministre de la Défense Sergei Shoigu et le chef des forces terrestres russes, Oleg Salyukov, lors de la parade militaire du 9 mai 2022 à Moscou. REUTERS - EVGENIA NOVOZHENINA
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Alors que l'on parle beaucoup de la parade militaire aujourd'hui à Moscou pour célébrer la victoire lors de la Seconde Guerre mondiale, la presse russe en fait évidemment sa Une. Le site de la Gazeta notamment, tout comme la Rossiskaia Gazeta, journal fondé par le gouvernement au début des années 1990. Car, oui, encore faut-il le rappeler, la presse russe ne compte désormais plus de grands journaux indépendants. 

Les journaux russes ont observé les commémorations organisées le 8 mai en France

Et la presse russe compare avec les années précédentes… « Habituellement, relate le correspondant de Kommersant, des délégations des anciennes républiques soviétiques déposaient des fleurs sur les tombes des soldats soviétiques morts sur le sol français au cimetière de Noyers-Saint-Martin » dans les Hauts-de-France. Or cette année, « les diplomates ukrainiens et russes ont organisé des cérémonies séparées, ne voulant même pas partager les tombes », souligne Kommersant. Quant aux célébrations à Paris, estime encore le quotidien russe, « ce n'est pas un défilé, comme à Moscou, pas une démonstration de force, mais une courte cérémonie en l'honneur des morts de ce qu'on espérait être la dernière guerre européenne. »

La Nezavissimaia Gazeta semble confirmer : « Le défilé du jour de la Victoire à Moscou suscite traditionnellement de grandes attentes – tout le monde attend de voir de nouvelles armes et de nouveaux équipements militaires. Le ministère de la Défense a établi cette tradition en 2015, explique le quotidien russe, lors de la première démonstration du char T-14 Armata. Depuis lors, de nouveaux véhicules ont été ajoutés au programme chaque année. En fait, la parade festive s'est transformée en une démonstration de la puissance technique croissante de l'armée russe ». L’apothéose, c’était en 2020, lit-on encore, dernière année du programme de réforme des armées débutée par le Kremlin en 2008. Mais cette année, en 2022, croit enfin savoir la Nezavissimaia Gazeta, « pas de nouveautés militaires » sur la Place Rouge…

Différence historique entre le 8 et le 9 mai

Pourquoi célèbre-t-on la victoire avec un jour d'écart à l'Ouest et à l'Est ? Kommersant nous rappelle que « le premier acte de capitulation de l'Allemagne nazie est signé sur le territoire français le 7 mai 1945, à Reims [et d’ailleurs], sous ce document se trouve la signature du représentant soviétique – le lieutenant-général Ivan Susloparov ». Mais on voit, dans la suite de l’article, la volonté de Staline de surligner l’apport de l’Union soviétique dans cette victoire, car « Moscou n'a pas reconnu ce premier acte et a exigé une re-signature à Berlin, ce qui a été fait le lendemain, le 8 mai ». Officiellement à 23h01, soit 1h01, aux premières heures du 9 mai à Moscou. 8 ou 9, c’est donc avant tout une question de décalage horaire, mais aussi, déjà à l'époque, une différence idéologique…

Une différence idéologique accentuée à l’heure de la guerre en Ukraine

« Les deux camps durcissent leurs positions à l'occasion de l'anniversaire de la défaite des nazis en Europe », pointe le New York Times. « Chaque camp ayant durci sa rhétorique et sa détermination ». En effet, « les dirigeants des démocraties les plus riches du monde, [les dirigeants du G7] ont promis de mettre fin à leur dépendance à l'égard de l'énergie russe et de veiller à ce que la Russie ne triomphe pas dans son "agression non provoquée, injustifiable et illégale", tandis que le président Vladimir Poutine poursuivait ses bombardements aveugles dans l'est de l'Ukraine et orchestrait les célébrations de la fête de la Victoire russe ». En somme, conclut le New York Times, « les attaques russes contre des villes et des villages ukrainiens ont suscité un crescendo de la rhétorique occidentale, accompagné d'un danger constant d'escalade ». 

Les journaux européens montrent également cette escalade

En Une du Guardian notamment avec cette frappe russe meurtrière samedi 7 mai, « 60 personnes tuées dans le bombardement d’une école », selon le bilan des autorités ukrainiennes. Bombardement en Une d'El Pais et de la Vanguardia en Espagne également. Toujours en Grande-Bretagne, on voit cette escalade également en Une du Times ou du Daily Telegraph.

Tous deux ont eu accès en avance aux grandes lignes d’un discours que Ben Wallace, le ministre de la Défense a prononcé ce matin au National Army Musem à Londres. Un discours dans lequel il compare les agissements de Moscou à ceux de l’Allemagne nazie. Mais l’unité occidentale reste de mise, car avec ces nouvelles mesures le 8 mai, « le G7 défie Poutine » nous dit la Repubblica en Italie, qui nous montre en Une, la photo en noir et blanc du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le credo occidental semble donc rester intact, confirme La Sicilia, « Tous pour un » et « Poutine ne doit pas gagner cette guerre ».

© RFI

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