Revue de presse internationale

À la Une: la mort en Afghanistan du chef d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri

Publié le :

L'Égyptien et leader d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a été tué par une frappe de drone des États-Unis le visant à Kaboul
L'Égyptien et leader d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a été tué par une frappe de drone des États-Unis le visant à Kaboul © SITE Monitoring Service/Handout via REUTERS TV
Publicité

Le président Joe Biden a annoncé lundi 1er août au soir en direct à la télévision qu'une frappe de drone américain avait tué le chef d'al-Qaïda. L'opération s'est déroulée dans la capitale de l'Afghanistan et suscite des commentaires dans toute la presse. 

« Zawahiri a transformé un réseau hétéroclite en instrument de meurtre de masse »

Sous le titre « une vie de secrets et de violence », le New York Times publie un long portrait du chef d’al-Qaïda. On y apprend que dès l’âge de quinze ans, al-Zawahiri a contribué à la formation d’un groupe clandestin de militants dont le but était de remplacer le pouvoir laïc égyptien par un gouvernement islamique. Le quotidien publie notamment une photo d’al-Zawahiri en 1974 : alors jeune diplômé de l’université de médecine du Caire, il porte costume, cravate, cheveux courts, moustache et lunettes.

Le Washington Post a choisi un autre cliché marquant de la vie d’al-Zawahiri pour illustrer son parcours : celui où il figure derrière les barreaux dans la salle du procès des assassins du président égyptien Anouar el-Sadate. Il est cette fois barbu et a abandonné le costume occidental. Al-Zawahiri ne sera condamné que pour possession d’armes dans le cadre de ce procès, mais, raconte le New York Times, « pendant trois ans, il a été torturé et a révélé le nom et les activités d’un des conspirateurs qui a ensuite été interpellé ». Selon un de ses anciens avocats cités par le journal, c’est la culpabilité qui a conduit l'Égyptien à quitter son pays après sa sortie de prison.

Son exil le conduira notamment à Peshawar au Pakistan, où il fera la connaissance d’Oussama Ben Laden. Cette rencontre scellera le début de la sanglante collaboration entre les deux hommes. « Al-Zawahiri fournira le cadre et la direction politique qui transformera le réseau hétéroclite et les impulsions de Ben Laden en instrument de meurtre de masse », écrit le New York Times. Et le Washington Post complète : « Il n’avait pas le charisme de Ben Laden, mais c’était la force intellectuelle qui se tenait derrière les plus grandes ambitions du chef d’al-Qaïda. »

Un succès pour Joe Biden, à quelques mois d'élections qui s'annoncent difficiles

La presse européenne commente aussi la mort d’Ayman al-Zawahiri. « Un cadeau de campagne pour Joe Biden », titre Die Welt. Le journal allemand estime que « c’est un véritable succès pour le président américain qui souffre de difficultés politiques intérieures. Avec ce meurtre réussi, il peut dissiper l’impression répandue par les républicains qu’il est faible en politique étrangère ». En réalité, plusieurs journaux américains pointent le fait que la présence d’al-Zawahiri à Kaboul illustre surtout l’échec de la politique du président américain en Afghanistan.

El Pais en Espagne a justement un envoyé spécial à Kaboul. Luis de Vega s’est rendu tôt ce mardi matin dans le quartier cossu de la capitale afghane où les drones américains ont sévi. « Des hommes armés en uniforme militaire menacent les journalistes qui trainent près de la maison attaquée, relate-t-il. La mort du terroriste est sur toutes les lèvres, mais presque personne n’ose parler devant la presse. Ceux qui s’expriment assurent que la maison était vide. » Le journaliste relaye aussi la réaction des autorités talibanes : « Le bombardement est une violation flagrante des principes internationaux et de l’accord de Doha », a affirmé le porte-parole du pouvoir à Kaboul, sans faire la mention explicite de la victime du raid américain. 

Nancy Pelosi à Taïwan : un voyage à haut risque

Un dessin à la Une du journal chinois The Global Times donne le ton : on y voit Nancy Pelosi sauter en parachute, le doigt sur le détonateur d’une ceinture d’explosifs. Le parachute est aux couleurs du drapeau américain. « C’est une situation très dangereuse », commente l’éditorialiste du journal, « la relation sino-américaine devient imprévisible. Nous entrons dans une ère de désordre et d’instabilité ». Et le contributeur du Global Times insiste : « la visite de Nancy Pelosi ne doit pas avoir lieu. Elle ne servira qu’à accroitre les tensions, et augmente la menace d’un conflit armé ».

Le journal détaille par ailleurs le renforcement du dispositif militaire de Pékin autour de Taïwan et prévient : « L’armée populaire de libération est pleinement préparée pour n’importe quelle crise. » Le China Daily publie pour sa part à la Une des photos de manifestants devant le bureau de Nancy Pelosi à San Francisco. Ils ne sont pas très nombreux, et brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire « La Chine n’est pas notre ennemi ».

Des navires de guerre chinois déployés à proximité de Taïwan

La presse occidentale n’est pas non plus emballée par ce déplacement à haut risque de la cheffe de la majorité démocrate à la chambre des représentants. Sous le titre, « Chère Nancy Pelosi n’allez pas à Taïwan », l’éditorialiste du New York Times parle de visite « totalement inconsciente, dangereuse, irresponsable » avant d’assener que « rien de bon n’en sortira, mais que le pire peut en résulter ». Plus factuel, le Süddeutsche Zeitung en Allemagne explique pourquoi ce voyage est explosif et précise que des navires de guerre chinois ont été aperçus dans le détroit de Taïwan.

Le Devoir au Canada estime que le moment est mal choisi et qu’à court terme, « il est à peu près acquis que cette visite entrainera des représailles et un accroissement des tensions » entre deux puissances nucléaires. Et comme en écho, à Londres, The Guardian rappelle les sombres propos tenus le 1er août par le secrétaire général de l’ONU : « un simple malentendu sépare le monde de l’anéantissement nucléaire ».

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 04:01
  • 04:01
  • 03:45
  • 04:03
  • 03:31