À la Une: Xi Jinping s'apprête à «renforcer» encore son pouvoir en Chine
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Alors que commence ce dimanche 5 mars une nouvelle session parlementaire en Chine, le Global Times, quotidien proche du régime de Pékin, rappelle simplement que s'ouvre le « plus grand rendez-vous politique et économique de l'année », lors duquel la Chine va annoncer son objectif annuel de croissance.
Sur le plan politique, le régime devrait confirmer la nomination de Li Qiang, pour remplacer l'actuel premier ministre Li Keqiang, souligne le média japonais Nikkei Asia. Le nouveau bras droit du président chinois prendra ses fonctions dans un contexte tout particulier, rappelle un éditorialiste, en pleine escalade des tensions diplomatiques avec les États-Unis, et « quelques semaines après la sortie chaotique » de la Chine de sa politique « zéro-covid ». Une série de décisions sanitaires qui avaient entamé la crédibilité du gouvernement, estime Nikkei Asia.
Une marge de manœuvre étroite
Li Qiang ne va pas « gouverner avec Xi [Jinping], il le servira », en tant « qu'allié loyal », décrypte le Japan Times. Dans les colonnes du journal, plusieurs analystes rappellent que depuis les années 1980 et la période de Deng Xiaoping, le Premier ministre se chargeait habituellement de l'économie et des questions financières, tandis que le président et secrétaire général du parti communiste gérait les questions politiques, la propagande, et la sécurité. Mais aujourd'hui, c'est fini : Xi Jinping s'occupe de tout. Parfois seulement, il « autorise » son Premier ministre à prendre en charge un dossier très spécifique.
En pratique, le président ne peut pas tout gérer, mais Xi Jinping, entame son troisième mandat, ne semble en tout cas plus intéressé par l'équilibre des pouvoirs, relève encore le Japan Times. Il s'entoure avant tout d'alliés loyaux, pour tenter d'appliquer le plus vite possible, et sans entrave, ses décisions, estime un autre analyste cité par le journal.
L'analyse est un peu différente dans le Sydney Morning Herald : le futur Premier ministre, proche des milieux d'affaires chinois, a défendu dans le passé « une diminution du rôle de l'État dans l'économie », et il est peut-être hâtif de le considérer comme un simple « laquais » du pouvoir, veut croire le journal australien.
Mainmise renforcée sur le secteur économique
On s'attend à un « remaniement sans précédent de son équipe économique », avance un consultant du secteur financier cité par la chaîne américaine CNBC. Objectif : réguler davantage le secteur financier, notamment pour éviter des fraudes ou des bulles liées à la spéculation, précise Foreign Policy. Cela peut passer par de la répression dans le secteur de la technologie financière. Et si « la corruption est effectivement élevée dans le secteur financier en Chine », cela permet aussi de justifier plus facilement d'éventuelles purges, écrit encore la revue.
Cette grand-messe sera aussi scrutée par les acteurs économiques et financiers du monde entier, pour savoir quel objectif de croissance se donne la Chine, et quelle sera l'ampleur du plan de relance prévu par le pouvoir après sa sortie de la politique « zéro-covid ». L'objectif pourrait être placé à environ 5% de croissance pour cette année, avance le média économique chinois Caixin. Cela serait « une amélioration significative par rapport aux 3% de croissance atteint l'an dernier », souligne le Guardian, depuis Londres.
Quel sera le sort de Hong Kong ?
C'est la question que se pose le South China Morning Post, dans cette ancienne colonie britannique qui fonctionnait selon le principe « un pays, deux systèmes », mais où Pékin a renforcé sa mainmise et la répression ces dernières années. Le quotidien de Hong Kong note que deux très proches de Xi Jinping sont pressentis pour veiller sur les affaires de la ville, preuve supplémentaire de l'importance de Hong Kong [l'un des plus importants centres économiques et financiers du pays] aux yeux du régime, puisque les deux hommes auront probablement une ligne directe avec le président, estime le journal dans un éditorial.
Une « campagne de séduction » envers des leaders taïwanais
Le grand rendez-vous de dimanche est scruté par les chancelleries du monde entier. En premier lieu par les États-Unis, avec qui les relations sont de plus en plus tendues depuis l'affaire du « ballon espion chinois » abattu début février par Washington. Taïwan est l'un des autres sujets de divergence entre les deux pays. Les États-Unis soutiennent le gouvernement démocratique de cette île indépendante, que Pékin considère comme son pré carré.
Taipei et ses alliés occidentaux craignent que la Chine imite l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Et alors que les Taïwanais se demandent si Pékin va mener une intervention militaire contre eux, une agence de renseignement du pays s'inquiète des velléités de la Chine d'influencer l'élection présidentielle, prévue en janvier 2024 à Taïwan. C'est ce que rapporte le Straits Times, depuis Singapour, sur la base d'informations de l'agence de presse Reuters. Les services de renseignement taïwanais « craignent » ainsi qu'à la faveur de la réouverture des frontières, la Chine ne relance une campagne de communication et de « séduction auprès de la classe politique de l'île », en invitant « tous frais payés » des politiciens et des chefs d'entreprise. Pékin refuse de parler au gouvernement en place à Taipei, et pourrait chercher par cette campagne à renforcer les partis politiques et chefs d'entreprise qui sont « favorables à un rapprochement avec la Chine », peut-on lire dans cet article.
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