À la Une: que va faire le président français Emmanuel Macron?
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« Cette question est sur toutes les lèvres en France, s’exclame le New York Times, après que le gouvernement a perdu hier la confiance à l’Assemblée nationale, forçant le Premier ministre, François Bayrou, et son équipe, à démissionner. »
Nommer bientôt un nouveau Premier ministre comme il l’a annoncé, mais qui ? Et avec quelle majorité à l’Assemblée ? Convoquer de nouvelles élections ? Emmanuel Macron l’a d’ores et déjà exclu. Une démission du président ? Niet, a aussi répondu l’intéressé. « Quoi qu’il en soit, soupire le New York Times, la route à venir s’annonce semée d’embûches. »
Le nécessaire compromis
Pour Le Temps à Genève, le président français n’a pas le choix : « dos au mur, Emmanuel Macron va devoir faire ce qu’il exige des autres. » À savoir : « renoncer à des points centraux de son programme pour faire avancer un compromis avec des forces opposées. Ce n’est qu’ensemble que ces partis centraux pourront sortir la France de son ornière. »
En effet, renchérit Le Soir à Bruxelles, « s’entendre n’est plus une option. C’est un devoir. S’entendre, non pas forcément pour former un improbable gouvernement d’union nationale, mais s’entendre à tout le moins sur l’indispensable : l’adoption d’un budget pour faire tourner le pays en 2026. La France a décidément un problème avec le compromis. Il ne s’agit pas de couper une poire au milieu. Mais de sortir de ses dogmes pour faire du chemin vers les autres. »
Pour Le Figaro à Paris, la balance doit pencher à droite. « Emmanuel Macron doit affronter un mélange de déception, d’impatience, d’exaspération qui prend des proportions préoccupantes. Il ne peut plus se permettre de procrastiner, ni de rejouer la même partie en dérivant un peu plus à gauche. Tout - l’opinion, les marchés, son intérêt - l’oblige à trancher dans le vif. Nomination éclair sur sa droite, s’exclame Le Figaro, pour repousser de quelques mois le coup de tonnerre d’une nouvelle dissolution : c’est la prévision la moins défavorable. »
Un « homme de passerelles »
En tout cas, affirme La Croix, « quelle que soit la personnalité retenue, il lui faudra trouver une méthode nouvelle. Peut-on imaginer un gouvernement de coalition qui irait d’une partie de la droite à la gauche ? » Pas sûr, répond le journal. « Une perspective d’autant plus incertaine que l’extrême droite et l’extrême gauche attendent des actes beaucoup plus radicaux. »
Démission, dissolution avec le risque de l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir ? « Emmanuel Macron doit trouver le bon candidat pour éviter un tel scénario, estime La Croix. Un homme de passerelles comme Xavier Bertrand ou l’ex-socialiste Éric Lombard, à Bercy dans le gouvernement sortant, ou bien un technicien comme Jean Castex. Mais, prévient le journal, si un nouveau Premier ministre sitôt nommé était rejeté, pour la troisième fois en un an, l’impasse politique pourrait déboucher sur une crise de régime. »
Justement, rebondit le Washington Post, « il est de plus en plus difficile de savoir si la Ve République pourra perdurer sans réformes majeures ».
Du beurre et des armes
Le Washington Post qui élargit le débat en affirmant que cette impasse politique en France est aussi une « mauvaise nouvelle pour l’Ukraine ». En effet, pointe le quotidien américain, dans les conditions actuelles, « atteindre pour l’Europe l’autonomie stratégique (en matière de défense), comme le souhaite Emmanuel Macron, ne sera pas facile. (…) La France consacre 2,1 % de son PIB à la défense, et Macron s’est engagé à doubler ce montant pour atteindre 75 milliards de dollars d’ici 2027. Mais le déficit budgétaire national atteint déjà environ 6 % du PIB et la dette publique s’élève à 114 % du PIB. »
Bref, conclut le Washington Post, « on ne voit pas bien comment le président français pourrait offrir à ses concitoyens à la fois du beurre et des armes sans creuser encore le déficit ».
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