À la Une: Berlusconi, le flamboyant et sulfureux « Cavaliere » qui a amusé et bousculé l’Italie
Publié le :

La presse italienne ne cache pas son émotion dans son « adieu à Berlusconi » « c'est un pan de l'histoire italienne qui s'envole », titre Il Giornale qui célèbre la vie hors du commun du « Cavaliere » qui a « commencé dans le bâtiment et construit les maisons du futur, à changer la façon de faire de la télévision, a amené l'AC Milan sur le toit du Monde et a fondé le centre droit italien ». « En tant qu’entrepreneur et homme politique prospère, Silvio Berlusconi a atteint tous les objectifs qu'il s'était fixé », insiste Il Giornale. Même le journal de centre-gauche La Repubblica estime « qu'il est difficile d'imaginer une Italie sans Silvio Berlusconi » qui était devenu « l'archétype de l'italien par excellence : au cours des 50 dernières années il n'y a pas eu un jour où son nom n'a pas été évoqué, à la télé, dans les journaux, au Parlement, dans les bars, ou dans les stades divisant l'opinion publique comme personne ». Car « tout en lui était excessif », souligne La Repubblica « de sa réussite dans les affaires à son parti Forza Italia, à ses 3 présidences du Conseil, comme ses procès à sensation, Berlusconi a vécu une existence de « star absolue ». « Une vie extraordinaire » pour cet autodidacte, abonde le Corriere Della Serra, « Berlusconi était un phénomène : entre volonté de puissance et nécessité historique. Il était à la fois le fruit du mal italien et sa tentative de guérison ».
Mafia et « bunga bunga » : toute une carrière entachée de scandales
« Berlusconi était l'un des hommes politiques les plus flamboyants d’Italie » salue le Guardian « qui a même réussi un retour en politique en 2017 » souligne le quotidien britannique « malgré une carrière entachée de scandales sexuels, d'innombrables allégations de corruption et une condamnation pour fraude fiscale ». « Même s'il a été le personnage le plus influent du dernier quart de siècle en Italie », souligne également El Pais, Berlusconi flirtait en permanence avec l’immoralité, « accusé à de nombreuses reprises de prostitution de mineurs, d'écoutes illégale, de liens avec la mafia, il affichait également sans complexe ses amitiés avec les dictateurs, racontait des blagues inacceptables et détournait la Constitution et les lois italiennes comme bon lui semble ». « Bien sûr l'homme n'était pas un saint », reconnaît également le Corriere della Serra qui parle « de ses vices privés et publics, autant de taches qui ont obscurci sa vie publique », notamment « l'utilisation de sa majorité parlementaire pour faire passer des lois afin d'échapper à ses nombreux procès ».
Berlusconi laisse un héritage politique contesté
Après trente ans de règne sur la vie politique italienne, Berlusconi « a échoué à être le réformateur du pays qu'il s'est toujours vanté d'être », estime le Suddeutsche Zeitung, celui qui se prenait selon ses propres mots « pour le Jésus-Christ de la politique » a certes « réussi à souder la droite italienne en un seul bloc, rendant le système politique italien plus stable », mais il a surtout, avec son mélange de gouaille et de charme « servi de modèle à tous les populistes », raille le quotidien allemand. « Très de peu réformes si on y regarde bien » note également La Repubblica qui estime que « Berlusconi s'est administré lui-même plus qu'il n'a administré le pays », un homme qui a choisi la politique « par opportunisme, pour sa propre autodéfense et a semé le virus du populisme qui a ensuite contaminé le monde », jusqu'à Donald Trump aux Etats-Unis. « À 86 ans, il avait espéré un instant encore se faire élire au Quirinal, ce qui en dit long sur le crépuscule de son époque » souligne de son côté le Corriere della Serra. « C'était sans doute le dernier défi d'un homme qui s'ennuyait déjà un peu et voulait s'amuser à repartir de zéro pour se sentir jeune », commente El Pais. Sa disparition pourrait sonner la fin de son parti, souligne le Suddeutsche Zeitung, « Forza Italia » qui n'est déjà plus qu'un parti junior des post-fascistes des Frères d'Italie de Giorgia Meloni, l'actuelle présidente du conseil et des populistes de la Ligue du Nord ». « Berlusconi n'a jamais réussi à mettre en place un successeur », c’est son dernier échec, note encore le quotidien de centre gauche allemand, qui tient néanmoins à rendre un hommage « à celui qui aura réussi à faire naître chez les italiens le sentiment qu'il parviendrait à leur rendre la vie meilleure, plus légère, plus libre et plus drôle ».
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne