Revue de presse internationale

À la Une: violences, profits et enjeux diplomatiques liés au trafic de drogue

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Des militaires et des experts médico-légaux collectent des preuves après un attentat à l'explosif contre des policiers et des employés du bureau du procureur de l'État, à Tlajomulco de Zuniga, dans l'État de Jalisco, au Mexique, le 12 juillet 2023.
Des militaires et des experts médico-légaux collectent des preuves après un attentat à l'explosif contre des policiers et des employés du bureau du procureur de l'État, à Tlajomulco de Zuniga, dans l'État de Jalisco, au Mexique, le 12 juillet 2023. © AFP/Ulises Ruiz
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En Amérique latine, la guerre des cartels fait de plus en plus de victimes. « Quatre mille cinq cents tués l’année dernière en Équateur, c’est un record », pointe le New York Times qui consacre un long reportage à ce pays devenu en quelques années « l’État de la ruée vers l’or du trafic de drogue ». Et le journal explique que « des années de laxisme dans la répression ont fait de l’Équateur une base de plus en plus attrayante pour la fabrication et la distribution de cocaïne. L’Équateur, autrefois nation tranquille, est devenu un champ de bataille ».

Autrefois cantonnée aux prisons, la violence des cartels s’est répandue dans l'espace public. Le reporter du New York Times qui s’est rendu dans la ville de Guayaquil décrit « un style de violence horrible, clairement destiné à susciter la peur et à exercer un contrôle sur la population : décapitations, voitures piégées, jeunes gens pendus à des ponts, et enfants abattus chez eux ou à l’école ». Un responsable communautaire confirme dans les colonnes du quotidien que « les enfants sont recrutés de force par les groupes criminels dès l’âge de treize ans. On menace de tuer leurs familles s’ils refusent ». La police assiste impuissante à cette montée de la violence : « Les criminels ont bien plus de moyens que nous, témoigne un officier, c’est un combat inégal. »

Au Mexique, un piège fatal pour la police

Même constat au Mexique, où les cartels utilisent des engins piégés contre la police. « Quatre policiers et deux civils tués dans une embuscade brutale des cartels », titre le Guardian qui relate : « Huit bombes avaient été placées sur une route de l’ouest du pays, sept d’entre elles ont explosé simultanément au passage d’un convoi policier appelé à la rescousse après la soi-disant découverte d’un charnier clandestin. » Un piège fatal, « une attaque sans précédent », selon le gouverneur local.

Un boom immobilier financé par le trafic

Le trafic de drogue provoque aussi des afflux massifs d’argent, jusque dans des zones reculées. Dans une enquête édifiante en cinq chapitres, le San Francisco Chronicle décrit un improbable boom immobilier dans un village de la vallée de la Siria au Honduras, à plus de 5 000 kilomètres de la Californie. « Les emblèmes les plus extravagants de San Francisco apparaissent de manière inattendue et fréquente, aux côtés de cabanes en pisé en ruine, de coqs errants et de tas d'ordures calcinées », raconte le journaliste qui poursuit : « De belles maisons neuves, des manoirs s'élèvent derrière des grilles en fer ornées des logos des équipes de base-ball ou de basket de San Francisco. Sur la porte d’un garage, une sculpture lumineuse représente le Golden Gate Bridge », le célèbre pont de la baie californienne.

Selon l’enquête menée pendant dix-huit mois par le quotidien, c’est l’argent de la drogue vendue à San Francisco qui finance ces constructions. « Un dealer peut gagner 350 000 dollars par an ou plus s’il prend des responsabilités », détaille le quotidien qui donne la parole à un instituteur de la vallée : « Dès l’âge de treize ou quatorze ans, les garçons d’ici commencent à parler de leur voyage en Californie. » San Francisco est ravagée par les overdoses à base de fentanyl, un opiacé de synthèse extrêmement puissant, rappelle le journal qui précise : « Les cartels fabriquent la drogue avec des produits chimiques importés de Chine, et la distribuent aux dealers honduriens qui se chargent de l’écouler. »

Le fentanyl crée des tensions entre Washington et Pékin

Le secrétaire d’État américain rencontre son homologue chinois à Jakarta ce jeudi 13 juillet, et espère justement une plus grande coopération de Pékin pour lutter contre l’explosion de la consommation de fentanyl aux États-Unis. Selon le Guardian, Antony Blinken regrette que la Chine n’ait pas participé la semaine dernière au lancement d’une coalition internationale destinée à lutter contre le trafic de cette drogue de synthèse.

« Les Américains voudraient que Pékin s’engage à en faire plus contre les entreprises qui vendent leurs produits chimiques aux cartels », explique le journal qui constate : « Mais la Chine a toujours réagi avec colère contre l’idée qu’elle porte une responsabilité quelconque dans le problème de drogue des Américains. Washington voudrait placer la lutte contre les stupéfiants au-dessus de la politique, mais Pékin voit les choses différemment. »

Illustration dans le China Daily qui invite les ressortissants chinois aux États-Unis à redoubler de vigilance et prévient : « Les États-Unis ont fait de la Chine un bouc émissaire sur les questions liées au fentanyl, et recourent à des opérations coup de poing contre les Chinois sur le sol américain. »  

Les cigarettes jetables, cheval de Troie de l'industrie du tabac

Une drogue plus douce et légale envahit les cours de récréation en Espagne : les cigarettes jetables. « La vapoteuse arrive à l’école : le cancer a le goût du melon, de la pastèque ou de la menthe », titre El Mundo en Espagne qui développe : « La cigarette jetable est devenue l’accessoire préféré des enfants de primaire. Ils la demandent comme cadeau de première communion et la fument à la sortie des classes. »

Le journal a enquêté dans une école de Séville où sept enfants sur dix reconnaissent avoir vapoté. « On trouve ces cigarettes jetables à côté des sucettes dans n’importe quel kiosque. Certaines ressemblent à des personnages de dessins animés », déplore une mère de famille qui milite pour une règlementation plus stricte. El Mundo dénonce une « stratégie délibérée » des industriels du tabac pour cibler les plus jeunes. Sans violence et en toute légalité.

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