À la Une: un an après la mort de Mahsa Amini, la fronde contre le voile se poursuit en Iran
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Alors que « ce week-end va marquer le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour avoir mal porté son voile, puis assassinée en prison » rappelle le Guardian déclenchant « la plus grande vague de manifestations en Iran depuis des années ». « Une année de brutalité et de courage en Iran », salue le quotidien britannique à l'instar de l'ensemble de la presse internationale. « C'était la première révolution des femmes dans le monde, et la plus grande menace à laquelle le régime théocratique iranien ait été jamais confronté » estime également le Times qui met en avant « le courage extrême » de celles qui sont descendues dans la rue « sachant qu'elles pourraient être emprisonnées, violées ou même exécutées ». Même des écolières ont participé, souligne le Times « se filmant en train de lever le majeur devant les photos omniprésentes du guide suprême Ali Khamenei ». Des mois de contestations « que le régime a géré comme il fait toujours » explique de son côté le Time magazine « en écrasant la dissidence », « plus de 20 000 personnes ont été arrêtées, plus de 500 tuées dont sept pendus ». « Pour Khamenei faire des concessions sous la pression ne fait que projeter la faiblesse et enhardir la dissidence », commente encore le magazine américain. Et pourtant, même si les manifestations se sont apaisées « la mort de Mahsa Amini hante toujours le régime iranien » fait valoir le magazine américain, le régime, à la veille de ce premier anniversaire qui s'inquiète encore - et met en garde « contre toute manifestation ».
La résistance des iraniennes s'exprime désormais sous d'autres formes
« La résistance n'a pas faiblit », le soulèvement « femme, vie, liberté » s'exprime juste « différemment » estime le New York Times. « C'est un mouvement irréversible », assure depuis la terrible prison d'Evin à Téhéran Narges Mohammadi, la célèbre militante des droits humains détenue depuis 8 ans et qui a pu envoyer des lettres à de nombreux quotidiens dont Die Welt qui publie son texte où elle dénonce notamment « l'amplification de la répression contre les femmes depuis un an » entre « tortures et violences psychologiques », une « brutalité » qui a ses yeux ne fait que « renforcer le fossé qui se creuse entre le régime et la population » qui plus est « alors que l'inflation et le chômage alimentent également la colère ». De fait estime le Times « même si les manifestations ont fini par s'apaiser, la résistance des femmes continuent sous d'autres formes », ainsi dans la capitale Téhéran « une femme sur cinq ans ne porte plus le hijab », « une véritable révolution tranquille, dans un pays où les femmes doivent se couvrir tout le corps depuis 40 ans ». Et à bas bruit, elles portent toujours les mêmes revendications, souligne de son côté la Repubblica « non seulement l'abolition du voile obligatoire, mais aussi les droits civiques et les libertés politiques et la fin de la théocratie ». « C'est comme une flamme sous la cendre » explique une femme médecin de Shiraz, dans le Times « elle couve et ne s'éteindra pas », « nous serons libres », dit-elle « c'est juste une question de temps et de moyens ».
L’Occident partagé entre condamnations et volonté de maintenir le dialogue
Après avoir « condamné la répression et alourdit les sanctions contre Téhéran » au début du mouvement de protestation, le camp occidental, les États-Unis en tête semblent « très soucieux de relancer les accords sur le nucléaire iranien », souligne le Japan Times. Et ce alors même le régime des mollahs « reste toujours fermement aux commandes du pays », note La Repubblica. « La République islamique d'Iran qui s'est révélée trop rigide idéologiquement pour se réformer, mais également trop impitoyable pour s'effondrer », explique également le Time Magazine. Même si un accord majeur sur le nucléaire iranien ne semble pas réaliste pour l'heure « l'administration Biden devrait ainsi poursuivre les pourparlers avec Téhéran », souligne le quotidien américain. « Un maintien du dialogue » vivement dénoncé par Die Welt qui fustige « le manque de courage des pays occidentaux pour prendre des mesures décisives contre l'Iran », alors que les femmes iraniennes sont prêtes elles « à perdre leur vie dans leur combat », le régime iranien échappe encore à l'isolement « en utilisant la diplomatie pour servir ses objectifs politiques de pouvoir ». C'est une véritable erreur des « démocraties contre les régimes totalitaires », assure le quotidien allemand alors « que le mouvement des femmes iraniennes est loin d'être fini ».
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