À la Une: des dizaines de morts à Gaza après une frappe israélienne sur le camp de Jabaliya
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Israël a bombardé mardi le quartier de Jabaliya dans la bande de Gaza. Il est très difficile d’établir un bilan précis, et après les doutes qui ont entouré l’explosion dans un hôpital gazaoui il y a deux semaines, la plupart des journaux se montrent prudents. À l’image de Die Welt qui rappelle qu’à ce stade, « les informations n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante ». Ce qui est sûr, c'est qu'Israël a reconnu avoir frappé ce camp de réfugiés, avec pour cible, plusieurs chefs du Hamas.
Un Hamas qui, précisément, se frotte les mains de ces victimes civiles, dénonce Die Welt encore : le journal allemand accuse le groupe armé d’être « tout à fait prêt à sacrifier des millions de Palestiniens pour sa propre cause idéologique ». Et ce en vertu d’une logique selon laquelle « plus les gens meurent, plus les combattants du Hamas sont disposés et déterminés à échanger des coups avec Israël ». Cette dialectique a, pour Die Welt, au moins un mérite : elle révèle que « même après une quinzaine d’années au pouvoir, [le Hamas] continue de se considérer comme un mouvement idéologique et non comme un gouvernement ».
Situation humanitaire catastrophique
Dans un Gaza « isolé et affamé, nous vivons comme des animaux », lâche un Palestinien interrogé par El Pais. L’eau manque, la farine aussi, et il faut, décrit le titre espagnol, « faire du feu » avec le bois ramassé çà et là pour « cuisiner du pain ».
Le tout sous les bombardements de plus en plus intenses d’Israël, et sur les ruines où « les corps se décomposent » malgré les tentatives de dégager les gravats, raconte le Times britannique. Car le travail des secouristes est « entravé par le manque de carburant » et par « les coupures de connexions téléphoniques et internet » vendredi : « pendant 36 heures, souligne le Times, les ambulances et autres véhicules de secours ne savaient pas où aller, puisque personne ne pouvait les appeler à l’aide ».
Les violences en hausse
La hausse du climat de violences inquiète de nombreux titres… à commencer par le New York Times qui voit dans cette « atmosphère de peur si palpable (...) un changement fondamental dans l’existence des juifs d’Europe ». Dessins d’étoiles de David sur les portes, alertes à la bombe dans des magasins juifs, augmentation de près de 250% des actes antisémites en Allemagne. Qu’elles sont loin, « les veillées à la bougie, calmes et paisibles, du début du mois » d’octobre, regrette le Washington Post.
Aux États-Unis, ce climat de peur est particulièrement visible sur les campus universitaires. Et dans un pays où la liberté d’expression est entendue au sens très large, érigée en droit intouchable, « c’est un vrai défi pour les dirigeants d’université qui doivent trouver l’équilibre entre autoriser les étudiants à énoncer leurs idées tout en faisant en sorte que les différentes communautés du campus se sentent en sécurité ». Un véritable casse-tête car rappelle le Washington Post, « même quand la haine des juifs est évidente [dans un propos], ce dernier reste généralement légal ».
Les communautés musulmanes ciblées aussi
Il y a d’abord ces vidéos d’influenceurs, de plus en plus nombreuses sur TikTok, rapporte L’Orient-Le Jour. Des blogueurs qui se griment en victimes palestiniennes, à grands renforts de farine censée représenter la poussière des débris et de ketchup. « Un nouveau fond de cynisme et de complaisance dans l’horreur », dénonce le quotidien libanais.
Et cela ne s’arrête pas à des vidéos de (très) mauvais goût. Depuis le 7 octobre, rapporte le New York Times, plusieurs femmes portant le hijab ont été agressées dans différentes villes, et divers signalements ont été faits auprès d’associations de la société civile. Surtout, un petit garçon d’origine palestinienne a été poignardé à mort, 26 fois. Une situation qui, selon le quotidien new-yorkais, n’est pas sans rappeler les années post-11-Septembre, durant lesquelles « l’image des musulmans aux États-Unis a chuté à des niveaux inédits » sans jamais se relever.
Bref, les braises sont attisées de part et d’autre, et je vous mets au défi de savoir à quel côté s’adresse cette conclusion du New York Times : « Nous sommes déjà passés par là, nous n’avons pas besoin de recommencer. »
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