Revue de presse internationale

À la Une: un instant de répit dans la bande de Gaza

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Une vue des bâtiments détruits à Gaza, vue depuis le sud d'Israël, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas, le 22 novembre 2023.
Une vue des bâtiments détruits à Gaza, vue depuis le sud d'Israël, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas, le 22 novembre 2023. © REUTERS/Alexander Ermochenko
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Le gouvernement israélien a donné son feu vert pour un accord avec le Hamas. 50 otages, femmes et enfants, vont être libérés par le Hamas, en échange de prisonniers palestiniens et d’une trêve dans l’enclave. « Un accord fragile, pavé d’inconnues » tempère La Repubblica, « mais un accord néanmoins ».

S’agit-il d’une concession de la part du gouvernement israélien ou du Hamas ? Sur ce point les analyses diffèrent. Le New York Times, critique, estime ainsi que le groupe armé « n’a fait cela que parce qu’il subit une intense pression militaire » tandis qu’à l’inverse, La Repubblica considère que « dans l’ensemble, les termes de l’accord ne diffèrent pas beaucoup de ceux en discussion depuis les premiers jours du conflit », mais qu’Israël a dû faire évoluer sa position en même temps que « les conditions sur le terrain », à savoir, la pression internationale, et la frustration de plus en plus affichée des proches d’otages.

Le Qatar médiateur

« On a parfois l’impression que le Qatar est trop petit pour ses grandes ambitions » note le Sueddeutsche Zeitung et pourtant, c’est bien sous sa supervision qu’un accord a pu être trouvé. Car, analyse le quotidien allemand, « l’émirat (…) entretient de bonnes relations avec toutes les parties au conflit » puisqu’il abrite les cadres politiques du Hamas, a de bons contacts avec l’Iran, entretient des rapports commerciaux avec Israël et héberge une base militaire américaine.

Les États-Unis d’ailleurs, que le Qatar a contactés « rapidement » après les attaques du 7 octobre avec, croit savoir le South China Morning Post, une « equête » : « Former une petite équipe de conseillers pour travailler à la libération des otages », dans un « extrême secret », avec « seulement quelques personnes informées » poursuit encore le titre chinois. C’est bien cet « alignement total entre le Qatar et les États-Unis », poursuit Le Temps en Suisse, qui a accouché de l’accord.

Un véritable « cas d’école », salue le Washington Post, de « la façon dont les médiations diplomatiques fonctionnent ». Malgré les « perturbations » - le mot est celui du titre américain - engendrées par les affrontements, «  les discussions se sont poursuivies » et les deux parties, le Hamas comme Israël, « ont fini par faire confiance à leur messager ». Aussi fragile soit-il, aussi menacé soit-il, cet accord « est la preuve », se réjouit un cadre qatarien cité dans le Post, « que le dialogue fonctionne ».

La possibilité de négociations, perdue de vue

Forcément, face à Une « histoire de la région jonchée de plans de paix qui ont échoué, de conférences diplomatiques qui se sont effondrées et de médiateurs désabusés », il est tentant d’être pessimiste, concède Le Temps.

Il y a d’un côté ceux qui sont mobilisés autour d’un «  discours uniforme » qui rassemble « commentateurs à la télévision, journalistes, généraux à la retraite, experts » dénonce Ha'aretz, tous faisant écho au « nouveau slogan national : "nous allons balayer, nous allons détruire, nous allons annihiler, nous allons liquider" ». Et de l’autre côté, un camp jugé tout aussi néfaste par le journal israélien, « les défenseurs du relativisme, les champions de la théorie, reclus dans leurs tours d’ivoire académiques (…) qui risquent leurs vies sur Facebook et X, tous récitant le mantra selon lequel la cruauté du Hamas est le produit de l’occupation » et que « rien de tout ça n’aurait eu lieu » si seulement « les Israéliens s’étaient comportés humainement » envers les palestiniens. Bref, deux camps « inébranlables (…) qui tous deux savent mieux comment se comporter et ont des solutions magiques ».

D’autres manières de faire envisageables

À la question d’Ha’aretz - « Et s’il existait une autre manière de se battre ? » - Le Temps, en Suisse, répond « oui », puisqu’ « au début des années 1990, les accords d’Oslo ont montré ce qu’il était possible de faire ». Alors, le quotidien suisse estime qu’il faut se tourner vers les pistes explorées à l’époque, que « la clé est d’utiliser la perspective renouvelée d’une solution à deux États, pour galvaniser les forces modérées des deux côtés ».

Mais après des semaines de terreur, de massacre, de « cruauté », il faudra sûrement du temps à cet éditorialiste de Ha’aretz pour reconsidérer des « solutions » : « Comment des êtres humains peuvent-ils être si cruels ? Qu’est-ce qui rend possible une telle réalité ? (…) Je n’ai pas de réponse : il ne me reste que des questions ».

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