Revue de presse internationale

À la Une: à quand un État palestinien?

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À l'ouest de la ville de Rafah, dans la bande de Gaza, le mardi 28 mai 2024.
À l'ouest de la ville de Rafah, dans la bande de Gaza, le mardi 28 mai 2024. AP - Jehad Alshrafi
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La question agite la région, et au-delà, depuis des décennies, depuis la création de l’État d’Israël. Et cette question est d’autant plus d’actualité avec la guerre à Gaza et les avancées diplomatiques auxquelles on a assisté hier.

En effet, l’Espagne, la République d’Irlande et la Norvège ont officiellement reconnu l’État palestinien. « Il ne s’agit pas d’une précipitation, ni du résultat de l’opportunisme d’une campagne électorale, bien au contraire, s’exclame El Pais à Madrid. De manière longuement réfléchie et négociée, l’Espagne a pris une mesure qui intervient à un moment particulièrement inquiétant (…). La reconnaissance de la Palestine a pour fonction immédiate, largement partagée par la communauté internationale, d’exercer une pression maximale sur Israël pour qu’il cesse ses attaques contre les civils, garantisse l’approvisionnement vital des habitants de Gaza et accepte un cessez-le-feu permanent qui permettrait la libération immédiate des otages détenus par le Hamas. Loin d’être un geste symbolique, pointe encore El Pais, la reconnaissance de la Palestine devrait inciter d’autres pays européens et, à terme, l’UE elle-même, à rejoindre les 143 pays de l’ONU qui la reconnaissent déjà. »

Le jeu du Hamas ?

Pour Libération à Paris, il faut emboîter le pas à l’Espagne… « Oui, la communauté internationale, et notamment la France, doit reconnaître de toute urgence un État palestinien, estime le journal, et non, cela ne fait pas le jeu du Hamas, il faut en finir avec cette fable véhiculée par le gouvernement Netanyahu et tous ses soutiens. Pourquoi ? Parce que le Hamas n’a aucun intérêt à voir un État palestinien prendre forme, il n’assoit sa légitimité que sur la terreur et la guerre : un État palestinien en bonne et due forme, avec des structures administratives et une police digne de ce nom ne pourrait se permettre de nourrir en son sein une organisation terroriste telle que le Hamas. Et parce que, poursuit Libération, à ce niveau de blocage et de cynisme, tous les symboles comptent. Rien ne semble pouvoir arrêter la fuite en avant meurtrière et suicidaire du Premier ministre israélien qui entraîne dans sa chute non seulement la population civile palestinienne mais aussi la société israélienne qui va bientôt se retrouver au ban des nations, et une reconnaissance internationale d’un État palestinien serait un désaveu public et flagrant de sa politique. »

Le quotidien israélien d’opposition Haaretz va dans le même sens : « On peut espérer que d’autres pays suivront l’Irlande, la Norvège et l’Espagne, affirme-t-il, et ne se laisseront pas décourager par les cris des Cosaques. Il est temps que tous les dirigeants du monde libre comprennent que l’État juif, dont ils ont soutenu la création, doive faire volte-face. (…) La reconnaissance d’un État palestinien est une étape nécessaire (…). Le temps est venu de l’établir, avant qu’il ne soit trop tard. »

Vœu pieux ?

Mais il y a un obstacle et de taille… C’est le premier ministre israélien. En effet, précise Le Temps à Genève, « le problème, c’est que Benyamin Netanyahu ne veut pas d’un État palestinien. En décembre dernier, le président Biden l’a regretté à voix haute : “le gouvernement israélien ne veut pas d’une solution à deux États […]. C’est le gouvernement le plus conservateur de l’histoire du pays“. En même temps qu’il refusait tout dialogue avec l’Autorité palestinienne, Benyamin Netanyahu, pour diviser, a permis au Qatar de financer pendant des années le Hamas à Gaza, tout en soutenant la colonisation illégale de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est où vivent maintenant plus de 700 000 colons (ils étaient 200 000 au début des années 2000). Sans pressions internationales, conclut Le Temps, l’État palestinien du futur (quel territoire, avec ou sans colons ?) risque de rester un vœu pieux en dépit des nombreuses résolutions de l’ONU. »

Enfin, autre écueil, selon David Khalfa, chercheur à la Fondation Jean Jaurès interrogé par Le Figaro à Paris : « La solution à deux États ne peut pas être imposée aux forceps, affirme-t-il. Elle implique un retour à la table des négociations et donc des concessions mutuelles pour arriver à un traité de paix en bonne et due forme. Reconnaître unilatéralement l’État palestinien relève de la diplomatie du verbe. C’est une décision purement symbolique qui ne changera rien concrètement à la réalité du terrain. »

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