À la Une: une page politique se tourne en France
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C’est « la fin d’une époque », s’exclame le New York Times. « La domination du président Emmanuel Macron sur la politique nationale, qui aura duré sept ans, a pris fin avec la défaite écrasante de son parti au premier tour des élections législatives de dimanche. Non seulement il a dissous le Parlement en convoquant un vote éclair, mais il a également dissous le macronisme. »
Le Washington Post remue le couteau dans la plaie… : « par son imprudence, Emmanuel Macron a donné le coup de grâce au macronisme. Sa faction pourrait perdre jusqu’à deux tiers de ses sièges parlementaires, selon les sondages. Pour un homme encore jeune et doté de talents exceptionnels - pour la stratégie, l’éloquence, la lucidité et le sens de l’à-propos - sa chute est déconcertante. Son jugement et ses prescriptions sur les grandes questions ont souvent été justes. Mais en politique, il suffit rarement d’avoir raison. La collaboration, la concentration et le suivi sont également essentiels. Et les échecs de Macron dans ces domaines se sont révélés fatals. »
Le Guardian à Londres porte l’estocade… « Macron a cherché la clarté et a fait s’écrouler son projet centriste. (…) Il voulait surprendre le RN et la gauche avec une élection éclair de trois semaines au cours de laquelle il pensait pouvoir effrayer les électeurs et les amener à soutenir ses troupes centristes en avertissant qu’une victoire de l’extrême droite ou de l’alliance de gauche déclencherait une "guerre civile". Au contraire, soupire le Guardian, le parti d’extrême droite anti-immigration de Marine Le Pen, le RN, qui pendant des décennies a été considéré comme un danger pour la démocratie, promouvant des opinions racistes, antisémites et anti-musulmanes et qui devait être tenu à l’écart de la politique traditionnelle à tout prix, le RN a confirmé sa progression. »
La vague de fond du RN…
« Un vote qui vient de loin », souligne Le Devoir à Québec. « Quoi qu’on pense du résultat de dimanche, c’est une gigantesque marée populaire qui s’est déplacée pour propulser en tête le Rassemblement national dans toute la France, à l’exception des populations privilégiées des grandes villes. Comme une vague de fond venue ébranler les dernières balises de cette fin de régime. Peu importe qui l’emportera dimanche prochain, relève encore le quotidien canadien, ce vote n’a rien d’une houle passagère. Il vient des profondeurs du pays et exprime la voix de ceux qu’on entend peu, ou qu’on n’entend pas, dans les médias. Dimanche, les Français ont exprimé une colère sourde face à une classe politique qui regarde ailleurs et qui est plus à l’aise dans les grands hôtels de Londres et de Berlin que dans les villages de la Creuse. »
Front républicain : une construction laborieuse…
Alors maintenant, pointe El Pais à Madrid, « l’urgence, pour Macron et tous les démocrates et républicains français, est d’empêcher que le RN obtienne une majorité absolue dimanche. Un objectif plausible si, au second tour, les modérés de droite, les centristes, les sociaux-démocrates, les écologistes et la gauche radicale s’accordent pour soutenir dans chaque circonscription le candidat le plus à même de battre le parti de Le Pen. Ce front républicain serait souhaitable en cette période critique pour la France, estime encore le quotidien espagnol, et permettrait à Emmanuel Macron de sauver la mise après l’échec de l’élection anticipée et la défaite retentissante de dimanche dernier. »
Justement, relève le Süddeutsche Zeitung, on assiste depuis hier à « la construction laborieuse d’une digue contre l’extrême droite. Jusqu’à présent, quand il le fallait, le camp des opposants à Le Pen mettait brièvement ses divergences de côté. Cette fois-ci, il n’est pas certain que le vieux réflexe républicain fonctionne. »
Selon un décompte du quotidien Le Monde à Paris, « 185 candidats arrivés troisièmes ont renoncé à se présenter au second tour, dont une majorité de candidats de gauche (afin de faire barrage au RN).»
Est-ce que cela sera suffisant pour éviter une déferlante du RN ? Pas sûr…
Et Libération de déplorer que la macronie a bien du mal « à imposer une ligne claire de désistements face au RN. Un flou artistique condamnable qui trahit une dangereuse inconstance républicaine. »
Enfin Le Figaro s’emporte contre ce front républicain qu’il surnomme « la coalition des Tartuffe » Cette « gauche qui prétend, écrit le journal, "sauver la République", mais qui devrait commencer par faire son examen de conscience. Elle pratique sans vergogne l’intimidation morale comme si elle était dépositaire des vertus démocratiques alors qu’elle est moralement disqualifiée. »
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